La guerre, les études, puis les Nations Unies

Halid Becic a vécu la guerre et l'exil. Il a travaillé, puis repris des études. Dans le cadre de son master, il participe actuellement à la Geneva International Model United Nations (GIMUN) où les enjeux sont simulés mais les débats entre étudiants bien réels.

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Photos : David Sohmer

Halid Becic a vécu la guerre et l’exil. Il a travaillé, puis repris des études. Dans le cadre de son master, il participe actuellement à la Geneva International Model United Nations (GIMUN) où les enjeux sont simulés mais les débats entre étudiants bien réels.

Photos : David Sohmer

Né en Bosnie-Herzégovine en 1993, Halid Becic a connu la guerre. Son père était soldat et s’est battu contre les Serbes orthodoxes qui, en 1995, ont entamé l’épuration ethnique des musulmans bosniaques. À l’âge de 2 ans, Halid et sa famille réussissent à s’enfuir. Et c’est au Luxembourg qu’ils trouveront refuge.

Son école secondaire terminée, il commence à travailler à l’administration de Wiltz, sa petite ville d’accueil de 7000 habitants, et commence à s’intéresser au monde politique. À ses bons, comme à ses mauvais côtés.  »Ce qui m’a énormément plu, c’est le fait que même s’il y a des escrocs comme partout, en travaillant dans le public on peut réellement apporter quelque chose de concret. S’engager pour les gens. » D’ailleurs, l’ONU lui rappelle cette ambiance. ‘‘Même la salle est la même que celle du bourgmestre. Mais à l’époque, je n’aurais jamais osé y prendre la parole » confie-t-il. Maintenant, il y débat avec éloquence.

Il aurait pu rester au Luxembourg, gagner un salaire admirable dans l’administration toute sa vie, mais il décide de partir au Bénin en 2015, alors qu’il travaille déjà depuis trois ans. Il y rencontre des étudiants bruxellois, et comprend qu’il est passé à côté de quelque chose en choisissant de ne pas faire de Hautes Etudes. Il rentre d’Afrique, démissionne, déménage à Bruxelles et entame des études de communication, pour améliorer son français notamment.

Son bachelier achevé, il entame un Master en Relations internationales à l’Université Libre de Bruxelles pour deux raisons: La première, c’est son travail dans l’administration dont il garde un excellent souvenir. La deuxième, ce sont ses origines. Halid n’oublie pas d’où il vient, et la Bosnie est mentionnée à de nombreuses reprises dans ses cours.

Un rôle à jouer

Halid Becic réfléchit beaucoup à son avenir. Comme nombre de jeunes de son âge, mais il se pose surtout une question : quel est son rôle dans le monde? Il participe actuellement à la GIMUN (Geneva International Model United Nations), une organisation non-gouvernementale basée à Genève, qui dispose du statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. S’il confie apprécier ce type d’événements – après avoir participé à ceux de Paris et Bruxelles déjà, il ira encore à celui de Rome dans quelques semaines – il doute de la réelle capacité des ONUsiens à faire changer les choses.  »Les intérêts personnels ou nationaux restant très fort, en tant qu’individu peut-on changer les choses à l’ONU ? Est-ce que ça sert à quelque chose de s’asseoir sur une grande chaise avec une petite cravate pendant 40 ans ou est-ce que c’est mieux de partir en Afrique par exemple, donner des cours à des enfants ? » Deux visions des choses qui s’entrechoquent, des idées à la limite du paradoxe.

Halid prend son rôle de délégué de l’Afrique du Sud très à cœur.

Passionné par l’histoire de l’Afrique du Sud, au GIMUN il choisit de représenter le pays où l’Apartheid a certes été aboli y a trois décennies mais où les tensions raciales y demeurent extrêmement fortes. Au Conseil de sécurité, Halid tente d’y faire passer des valeurs humanitaires et écologistes. « Impossible de défendre un pays comme les États-Unis et la Russie. » Il veut représenter un pays ouvert au reste du monde, qui ne cherche pas seulement à protéger ses intérêts nationaux.

Halid en fait même un coup de gueule.  »Je ne comprends pas comment certains étudiants peuvent chercher autant d’excuses aux pays qu’ils représentent. Sur le climat notamment. Evidemment que les Model United Nations sont par définition des simulations, mais les étudiants devraient adapter leur vision des choses et amener d’autres propositions, d’autres solutions que les clichés auxquels on peut s’attendre. Ce n’est pas en rentrant dans ce système que les jeunes changeront l’ONU. »

Halid Becic confie avoir été surpris à la GIMUN : on l’écoute.  »Des personnes vivent une vie entière sans avoir été écouté une seule fois.’’ Humble, Halid est conscient de la chance qu’il a de pouvoir faire entendre sa voix. Et c’est au Palais des Nations de Genève que la sienne résonne en ce moment.

Discussion(s):

Une réponse à “La guerre, les études, puis les Nations Unies”

  1. […] pays qui composent les Nations Unies. Ce que les journalistes de Mammouth en ont retiré ? De chouettes rencontres, beaucoup de photos, la pratique de langues étrangères, la découverte de Genève, de l’ONU, de […]

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