Mammouth est au GIMUN, une simulation grandeur nature de l’Assemblée générale des Nations Unies. Coulisses.
Photos : Héloïse De Norre et la rédaction CC BY NC ND
Cravates, chaussures cirées, robes et talons hauts emplissent l’Assembly Hall du Palais des Nations de Genève. Dans quelques minutes, la secrétaire générale du GIMUN 2020, la Directrice des Nations Unies à Genève et l’Ambassadeur du Département des affaires étrangères suisse prendront la parole pour inaugurer le GIMUN.
Le GIMUN c’est le Geneva International Model of the United Nations. Une centaine d’étudiants participent à cette simulation de l’Assemblée générale des Nations Unies où ils traitent différents sujets de politique internationale, au sein de comités de négociations.
La majorité des participants étudient le droit international. On saisit dès lors l’opportunité de découvrir les coulisses de cette organisation internationale. La plupart des délégués aspirent à devenir diplomate ou à travailler pour une ONG internationale. Ils sont venus goûter à tout le tintouin des hautes sphères diplomatiques : codes vestimentaires, activités « sociales et culturelles » et soirée de gala. Leur semaine s’annonce riche en mondanités, en expériences professionnelles et en rebondissements.
Silence sous le sigle doré
Le calme envahit la salle de l’Assembly Hall. Elle est légèrement différente de la médiatique salle de New York. Mais on y retrouve l’énorme symbole onusien doré, emblématique. Les intervenants mentionneront son prestige et sa symbolique pour les Nations Unies tout au long de la cérémonie.
Les délégués sont installés, certains peaufinent leur « opening statement » pendant que d’autres serrent des pinces, dans un mélange de français, d’anglais et d’espagnol. Alors que les interprètes sont installés dans leur aquarium au-dessus de la salle, prêts à traduire chaque intervention, les photographes et journalistes prennent place au fond et tapotent déjà sur leur claviers.
Nathalie Joray, secrétaire générale du Geneva International Model United Nations, ouvre le bal en martelant les objectifs et les bénéfices escomptés de GIMUN 2020. Sortir de sa zone de confort, s’exprimer et débattre sur des sujets qui sortent de son champ d’expertise permet d’acquérir de l’expérience. Le GIMUN, c’est aussi ça : une simulation qui approfondit son expérience sur les questions internationales et géopolitiques, et qui permet de se créer un réseau avec des personnes de tout horizon. Mais la secrétaire générale pointe du doigt les manquements de l’enseignement qui néglige parfois toutes ces valeurs. D’ailleurs, la réflexion de savoir combien d’oreilles ont été hébergées par ces oreillettes doit être passée par la tête de beaucoup de délégués.
« Merci Secrétaire générale », lance la Directrice des Nations Unies de Genève, Tatiana Valovaya, qui rappelle à son tour que les différences et les avis divergent mais qu’il est primordial de trouver des solutions et de travailler ensemble dans l’optique de protéger la paix et la sécurité ainsi que les droits humains, si fragiles. Cette année, on fête les « 100 ans du multiculturalisme : passé, présent, futur », aussi le thème de ce GIMUN. Le monde est en pleine période de transition, bousculé par des tensions géopolitiques et des protestations civiques qui créent de nouveaux défis pour l’humanité. Mais « nous avons les outils et les instruments, comme celui des Nations Unies, pour éviter le scénario catastrophe que serait celui de mettre en péril l’humanité ». La directrice auprès des délégués du GIMUN appelle à agir et encourage la tenue de ce genre d’événements pour promouvoir les valeurs des Nations Unies et de la démocratie.
L’Agenda 2030
Le fameux « Agenda 2030 » est évidemment abordé. C’est déjà dans 10 ans et les actes réalisés jusqu’ici ne sont pas assez efficaces. Ce memento d’action est là pour guider les gouvernements vers les 17 nouveaux « Sustainable Development Goals » ( c’est-à-dire les objectifs de développement durable établis par les Etats membres des Nations Unies pour 2030). Bien que les indicateurs soient importants, l’organisation insiste sur le nécessaire changement des mentalités pour converger vers une société plus durable, responsable et respectueuse de la planète.
La Directrice prend le temps de répondre aux présidents de comité et des délégués. Fake news, désinformation, montée du populisme et du nationalisme »,… les questions fusent. Quel rôle l’ONU peut-elle jouer « Comprendre les raisons qui mènent au populisme et au nationalisme et connaître les besoins des pays. » Pour les Nations Unies, la « crise » des réfugiés est l’une des principales raisons, pointera plus tard une responsable du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
« les États membres sont cruciaux car nous entrons dans une transition sociale et économique importante et cette transition pourrait prendre des décennies. Nous n’en connaissons pas la ligne d’arrivée ».
L’Ambassadeur des Affaires étrangères enchaîne en évoquant la place de la ville de Genève en Suisse et sur la scène internationale, en parlant des nouvelles technologies et de la révolution numérique qui posent de nouvelles questions éthiques. « La distance est notre plus grand défi. Alors que la mondialisation est censée rapprocher, la distance s’installe et les disparités sont grandissantes. Les grandes idées émergent de la passion et de la collaboration. Il n’est jamais trop tard pour faire en sorte qu’un changement soit instauré ». Voilà de quoi inspirer les futurs diplomates. Applaudissements. Le brouhaha reprend, il faut quitter l’Assembly Hall pour entamer les négociations en Comité.
[…] le début, la mise en scène est particulièrement soignée lors de cette 21e édition. N’oublions pas que pour participer […]