En 2014, le premier magasin en vrac ouvrait ses portes en Belgique. Cinq ans plus tard, on en compte plus de 200. La définition n’est pourtant pas clairement établie au sujet de ces commerces qui souhaitent bannir les emballages et le gaspillage.
Photo Vie en Transition
Depuis cinq ans, les termes “magasins en vrac” ou encore “épicerie zéro déchet” sont utilisés pour désigner les enseignes vendant des produits d’alimentation, de soin ou de nettoyage stockés dans des contenants réutilisables. Le consommateur peut se servir et acheter la quantité souhaitée avec son propre contenant. Cependant, le terme « vrac » désigne, étymologiquement, les matières premières liquides ou solides non emballées ou non arrimées. L’appellation ne s’applique donc pas uniquement aux épiceries « zéro déchet », mais bien à tout ce qui évite et/ou ne comporte pas de déchets et d’emballage.
Une définition qui reste floue
En Belgique, aucune législation précise ne reconnaît les magasins en vrac : aucun quota minimum de produits en vrac n’est requis. La grande distribution s’est aussi emparée du concept, il est désormais monnaie courante de retrouver de grands contenants sans emballage unique dans les supermarchés. Un commerce qui se revendique “épicerie zéro déchet” ne sera donc pas tenu légalement de respecter l’appellation qu’il s’est donné. Comment avoir les bonnes références lorsque l’on souhaite trouver l’un de ces commerces ? Un réseau existe via différents blogs, bien que ce référencement soit possiblement incomplet. En revanche, en France, une association s’est créée afin d’aider les personnes voulant se lancer dans cette aventure commerciale. Le Réseau Vrac cherche à fédérer et à accompagner toute la filière : distributeurs, producteurs, fournisseurs.
Petite ou grande quantité !
— Cora France (@CoraFrance) September 20, 2019
Pour des produits de qualité bio !
Le vrac bio se situe à côté des caisses libre service dans notre merveilleux magasin de Cora Alès 👍😉#bio #vrac #cora #qualité #ales pic.twitter.com/Gu1LAUqyjc
Deux autres termes caractérisent aussi les magasins en vrac : bio et local. Pour vendre sous ces appellations, il est nécessaire de posséder des autorisations. Selon Aline et Laetitia, gérantes de l’épicerie Al Terre Native à Sombreffe, « le 100% bio n’est pas nécessaire, mais les magasins qui décident de vendre du vrac doivent passer par Certisys » . Cet organisme, présent en Belgique et au Grand-Duché du Luxembourg, accorde des certificats et effectue des contrôles de qualité pour tous les produits alimentaires qui souhaitent obtenir le label bio. Certisys permet aussi aux commerces d’utiliser le label européen bio Eurofeuille. Ce label, en vigueur depuis 2010, appose son logotype sur les produits issus de l’agriculture biologique respectant la réglementation de l’Union Européenne.
Pour vendre en vrac, libre à chaque entreprise de se donner la forme juridique qu’elle souhaite (SPRL, ASBL, coopérative). Le dénominateur commun à tout le circuit agroalimentaire est l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA). Elle octroie les autorisations et contrôle tous les commerces alimentaires, y compris les magasins en vrac. Ces commerces se doivent donc aussi de respecter les normes en termes d’hygiène, de traçabilité des produits ou encore de respect de la chaîne du froid.
En finir avec les emballages uniques ?
En Belgique, l’entreprise Fost Plus se charge de la revalorisation des déchets. Les Belges se placent d’ailleurs en tête du classement depuis plusieurs années en ce qui concerne le tri des déchets et le recyclage de certains matériaux. Selon Fost Plus, en 2018, 92,8% des emballages mis sur le marché en Belgique ont été recyclés. Cependant, la fiabilité de ce taux a été remise en question par l’émission d’enquête de la RTBF : Question à la Une. Dans “Où finissent vraiment nos déchets plastiques ?”, on découvre que ce très haut pourcentage de déchets recyclés n’est en vérité pas totalement revalorisé, notamment certains emballages plastiques.
La diminution, voire la suppression des emballages est de plus en plus une tendance qui s’accentue chez le citoyens, comme démontré plus haut avec l’augmentation du nombre de commerces en vrac. La grande distribution modifie donc ses techniques marketing aussi, à l’instar de Carrefour ou Delhaize. Cette campagne vise à prouver que l’entreprise propose plus de produits locaux et supprime une partie de ses emballages. Et depuis 2019 ou encore en novembre 2020, les chaînes de supermarchés comme Delhaize ou Lidl cherchent à bannir le plastique de leur gamme de sacs réutilisables. Le coton ou la canne à sucre viennent dépanner les clients qui auraient oublié leur sac réutilisable avec eux.
La Belgique n’a pas encore pris, à titre national, d’initiatives législatives afin de limiter les productions d’emballages. Cependant, une directive européenne existe depuis 25 ans à propos du recyclage des emballages et des déchets d’emballages. Afin d’en augmenter le pourcentage à revaloriser, tant au niveau industriel que des consommateurs, des objectifs ont été établis pour 2025 et 2030. L’Union européenne souhaite revoir à la hausse le taux de recyclage des matériaux. D’ici cinq et dix ans, les pourcentages doivent tous augmenter graduellement (bois, plastique, verre, aluminium…) de 5% à 15%. Cette directive s’appliquera à tous les pays de l’Union européenne dès le 05 juillet 2020. Elle ne concerne pas les emballages biodégradables. Aucun autre objectif européen n’a été annoncé. Notre pays est tenu de suivre ces objectifs, malgré qu’aucune sanction ne soit prévue en cas de non-respect de ces barèmes.
L’usage unique cherche à être banni, le taux de recyclage augmenté, mais la diminution pure et simple des emballages semble encore lointaine.