Chuttt, ça pousse à Charlouze

Dans une petite rue près de la place de la Digue à Charleroi, un jardin prend forme à l’arrière du bâtiment rouge qui abrite la FUNOC. Ce centre de formation s’adresse aux jeunes adultes peu qualifiés et peu scolarisés de la région de Charleroi. Là, Marie, Johan, Naël et une poignée d’autres jeunes apprennent l’horticulture. Derrière le bâtiment rouge, ils plantent leur avenir.

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Philomène Raxhon (CC BY NC ND)

Dans une petite rue près de la place de la Digue à Charleroi, un jardin prend forme à l’arrière du bâtiment rouge qui abrite la FUNOC. Ce centre de formation s’adresse aux jeunes adultes peu qualifiés et peu scolarisés de la région de Charleroi. Là, Marie, Johan, Naël et une poignée d’autres jeunes apprennent l’horticulture. Derrière le bâtiment rouge, ils plantent leur avenir.

Philomène Raxhon (CC BY NC ND)

Johan est courageux et souriant, Marie pudique et douce, Naël déterminée et lumineuse. Tous trois aiment la botanique, les parcs et l’aménagement du paysage. Pendant que le premier examine sa construction de chemin en pavés, une autre étudiante traverse le jardin derrière l’école. Elle a un jean taille basse, un cardigan en velours et des lunettes chromées. Son look de Megan Fox, écouteurs à fils vissés dans les oreilles, contraste avec les jeunes pousses de crocus qu’elle s’accroupit pour admirer.

Du lundi au vendredi, à raison de 30 h/semaine, les élèves sont amenés à développer leur connaissance de la culture maraîchère, de l’aménagement de jardin, la floriculture, et même la mécanique des petits moteurs pour être capable d’entretenir le matériel horticole. Scies et foreuses passent de mains en mains. Les cours oscillent entre pratique et théorie, sur les bancs du centre de Formation pour l’Université ouverte de Charleroi (FUNOC) ou en plein air sur différents terrains en périphérie.

Le jeudi matin, à 7h30, les étudiants sont déjà en vêtements de travail. Pelles, bêches et cisailles jonchent l’herbe de la Maison des Éclaireurs, ASBL d’accueil pour enfants en difficulté. Dans le village de Jumet, les élèves de la FUNOC entretiennent les lieux : une serre qui abrite des laitues, des parterres de graviers protecteurs de jeunes bonsaïs, puis un potager collectif. Naël a décidé d’y faire pousser de la camomille et de la guimauve, remèdes miracles contre les crampes menstruelles qu’elle aime boire en tisane. Marie, elle, y prend soin de pousses d’artichauts. 

Si la formation de la FUNOC est gratuite, c’est parce qu’elle bénéficie de l’appui financier du Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle de la Région wallonne, et du Fonds social européen (FSE) – En Belgique, le FSP finance en effet différents projets dans les domaines de l’entreprenariat, de la formation ou encore de l’insertion socio-professionnelle. Bien que le cursus soit accessible à tous, les professeurs opèrent une sélection au sein des aspirants horticulteurs, au fil de l’année. Certains abandonnent, d’autres manquent d’investissement. Johan insiste : s’il est arrivé jusque là, c’est parce qu’il en a très envie et qu’il sait arriver à l’heure. La FUNOC ne soutient que les élèves réellement motivés et déterminés à être présents lors des deux années de cours. Il n’est pas donné à tout le monde de voir pousser Maurice, le marronnier en devenir.

Rien que cette année, la classe de première d’horticulture est passée de 12 à 5 élèves. Naël, 24 ans, et Marie, 29 ans, sont de fières rescapées de la sélection. Elles font aussi partie des rares femmes à se lancer dans ce métier qui requiert une certaine force physique. Un sac de terreau, ça pèse son petit poids. Au même titre que les autres étudiants, elles ont du faire leurs preuves. Puis l’horticulture, ce n’est pas qu’une affaire de muscles ! Demain matin, c’est contrôle sur les insectes, et personne n’a encore révisé.

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