Voitures déclassées, le dilemme des étudiants

La Zone basses émissions ou "Low Emission Zone" (LEZ) interdit, depuis janvier 2018, aux voitures les plus polluantes de circuler dans la capitale. Marine est propriétaire d’une voiture de type Euro 4 (Fiat Punto Diesel 2009) qui ne pourra plus circuler en 2022. La jeune femme devra bientôt faire un choix.

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Photo: Mariano Spitzer (CC BY NC ND)

La Zone basses émissions ou « Low Emission Zone » (LEZ) interdit, depuis janvier 2018, aux voitures les plus polluantes de circuler dans la capitale. Marine est propriétaire d’une voiture de type Euro 4 (Fiat Punto Diesel 2009) qui ne pourra plus circuler en 2022. La jeune femme devra bientôt faire un choix.

Photo: Mariano Spitzer (CC BY NC ND)

Acheter un nouveau véhicule ou opter pour les alternatives mises à disposition à Bruxelles ? C’est la question que se pose Marine, face à la zone basses émissions. La jeune femme étudie à Louvain-la-Neuve, mais vit dans la capitale.

Comment avez-vous appris que votre voiture ne pourra plus circuler à Bruxelles ?

J’ai entendu parler de cette norme au journal télévisé et via mes parents, qui m’ont dit de vérifier si je pouvais encore rouler dans Bruxelles. Ensuite, j’ai fait des recherches sur internet pour en savoir plus sur le sujet.

Quelle a été votre réaction ?

Au début, je ne me suis pas vraiment sentie concernée. Je trouvais tout de même que l’idée était bonne car il était temps de commencer à réaliser des actions contre la pollution.  En effet, comme je suis étudiante à Louvain-la-Neuve et que je vivais chez mes parents à Ottignies, je n’allais jamais à Bruxelles. J’ai seulement dû m’y rendre pour réaliser un stage, mais j’y allais en transports en commun. Avec les bouchons et le temps de trouver une place de parking, je mettais le même temps, voire moins. C’est seulement à partir de l’année passée où nous avons pris un appartement sur Bruxelles avec mon copain, que je me suis plus intéressée à cette norme.

Connaissez-vous d’autres personnes dans cette situation  ?

Oui, je connais deux personnes. J’ai un ami étudiant, tout comme moi, dont la voiture ne pourra plus rouler dans Bruxelles à partir du 1er janvier 2020. Ce qui veut dire que dans un mois, il devra se débrouiller pour se déplacer en transports en commun. Il pourra se racheter une nouvelle voiture, mais ce n’est pas toujours évident à notre âge, même avec un job étudiant. Mon autre amie, elle, est moins concernée car elle ne vit pas à Bruxelles.

Comment ont-ils réagi ?

Mon ami était mécontent car il trouve cela injuste. Il ne comprend pas pourquoi il doit se débarasser d’une voiture qui roule parfaitement et qui passe chaque année le contrôle technique sans souci. Il estime que les voitures électriques ne sont pas moins polluantes car elles consomment beaucoup d’énergie et entraînent des émissions de CO2. Il a reçu un courrier lui proposant des alternatives (transports en commun, vélo, marche à pied), mais pour lui, une voiture ne peut pas être remplacée par une trottinette. Il est donc très embêté.

Mon amie, elle, trouve cela très bien et apprécie l’initiative car elle estime que des villes comme Bruxelles devraient devenir de plus en plus piétonnes, du moins pour le centre. Elle dit que pour les quartiers périphériques et proches du centre, c’est différent. Elle reconnait  aussi que cela peut sembler handicapant et faire râler certains, mais que c’est une bonne idée sur le long terme. C’est une motivation à inciter les gens à prendre davantage les transports en commun, chose qu’elle trouve plus avantageuse. Cependant, elle pense qu’il devrait y avoir une sorte de prime pour les personnes qui sont en difficulté financière et dont leur voiture ne peut plus rouler dans Bruxelles.

Et vous ? Êtes-vous d’accord avec cette la LEZ ?

Je suis un peu mitigée. Je trouve que c’est bien de prendre des initiatives pour les grandes villes, pour la pollution, le climat, l’écologie et la santé des citadins. Mais je ne suis pas d’accord avec tout. Souvent, les personnes qui possèdent de vieilles voitures sont des personnes âgées, des étudiants ou des personnes avec moins de revenus. Ce sont donc eux qui vont devoir acheter une nouvelle voiture ou prendre les transports en commun. Se déplacer en tram ou en bus a également un certain coût. Tout cela risque de renforcer les inégalités sociales. De plus, prendre les transports en commun pour les personnes âgées, ce n’est pas toujours évident.

Comptez-vous en racheter une ou opterez-vous pour les transports en commun ?

Sûrement qu’à l’approche de 2022, je penserai à racheter une nouvelle voiture. Je trouve qu’utiliser les transports en commun peut être parfois avantageux, mais pas dans tous les cas. La ville de Bruxelles est bien “alimentée” en trams, métros ou trains. Les utiliser vers le centre n’est donc pas un problème. En revanche, pour les gens dans mon cas, la situation est plus compliquée. Me rendre d’Uccle à Louvain-la-Neuve est plus facile en voiture qu’en transports.

Que pensez-vous des alternatives proposées par le site lez.brussels ? La marche à pied, le vélo, les transports en commun ou encore les véhicules partagés… 

Je trouve cela encourageant de proposer des alternatives même si elles ne sont pas adaptables à tout le monde et à toutes situations. La marche à pied n’est possible que si la distance le permet. Le vélo peut être une bonne alternative. Mais en plein hiver, il est plus compliqué de sortir sa bicyclette. Enfin, au niveau des transports en commun, il est nécessaire de prévoir un budget pour les tickets car il faut parfois en prendre plusieurs : un pour le bus ou un pour le train.

Cela va-t-il encourager les gens à utiliser d’autres moyens de transport ?

Personnellement, venant de la campagne, je trouve que les Bruxellois se déplacent beaucoup en transports en commun. Je ne sais pas si cette mesure permettrait réellement de faire en sorte que les gens utilisent plus les transports en commun qu’avant.

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