Léa* rêvait d’une vie meilleure en Europe. Mais son parcours migratoire a tourné au cauchemar et à l’exploitation sexuelle. Entre les silences, elle témoigne, gorge nouée, d’une réalité vécue par des milliers de femmes oubliées.
Illustration : @zeuss_rbs
Avant de quitter son pays, Léa (un prénom d’emprunt) travaillait dans un call center au Cameroun et, à côté, elle vendait des babouches. Il y a plus d’un an, une amie, qui avait réussi à rejoindre l’Italie, lui transmet le numéro du passeur qui l’a aidée à quitter le pays par des voies irrégulières. C’est là que tout commence. Sur la foi de ce simple contact, elle abandonne tout pour rejoindre l’Europe, qui, pour elle, résonne avec l’espoir d’une vie meilleure.
Son parcours migratoire l’amène à traverser le désert du Sahara, une zone de non-droit où elle est témoin de scènes atroces. Elle passe plusieurs mois en Algérie dans des conditions précaires, exploitée par des réseaux de nettoyage afin de réunir de l’argent et continuer sa traversée. Une fois arrivée en Italie, elle est emmenée à son insu dans un réseau d’exploitation sexuelle par des individus qui portaient des vêtements d’une organisation internationale.
Le récit migratoire de Léa a une dimension singulière, tout en étant pluriel. Les réseaux d’exploitation sexuelle profitent de la vulnérabilité des personnes migrantes, qui vivent l’horreur en Europe, loin du rêve qu’elles avaient imaginé.
Le rapport d’évaluation de l’Italie du Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA), publié en février 2024, révèle que la majorité des personnes détectées comme victimes potentielles de la traite des êtres humains sont dans 80 % des cas, des femmes. L’exploitation sexuelle en est la forme la plus répandue, devant l’exploitation par le travail. Durant leur parcours migratoire, les femmes et les autres minorités de genre sont plus exposées à des violences systémiques.
Léa, que nous avons rencontrée à Bruxelles, témoigne de cette partie de son parcours, une réalité souvent ignorée.