Sur le parquet ciré d'une école privée

Vesalius College est une université privée rattachée à la VUB. Qui dit privé, dit onéreux. Le prix d’une année de bachelier coûte 12 900€. Visite des lieux, pour comprendre ce qui attire ici une jeunesse dorée.

par

Adeline Thollot

Vesalius College est une université privée rattachée à la VUB. Qui dit privé, dit onéreux. Le prix d’une année de bachelier coûte 12 900€. Visite des lieux, pour comprendre ce qui attire ici une jeunesse dorée.

Adeline Thollot

C’est en poussant les portes du Vesalius College, à deux pas de la gare d’Etterbeek et de la VUB, que nous découvrons l’ambiance feutrée d’une école privée. A l’opposé de l’atmosphère souvent bruyante des couloirs d’université comme nous les connaissons, ici c’est le calme qui règne. Ce silence a un prix : 12 900€ pour une année de bachelier. Ici, l’accent est mis sur la qualité plutôt que sur la quantité. En effet, seulement 4 bacheliers sont proposés et le même nombre de masters.

A peine avons-nous passé les portes, que l’on comprend que l’anglais sera de mise. Dans cette école qui s’inspire des programmes pluridisciplinaires du monde anglo-saxon, les liberal arts college, les cours sont donnés exclusivement en anglais. L’occasion pour des étudiants venus du monde entier de se croiser dans ces couloirs cirés.

« La plupart des personnes ici ont vécu en Belgique toute leur vie mais ne s’identifient pas comme Belges. Ce sont des enfants de l’Union Européenne. »

Notis, Etudiant au Vesalius College

Un étudiant américain, Thornton, que l’on rencontre au détour d’un couloir nous emmène faire une visite guidée. Il est en 2ème année d’International Affairs et ce qu’il apprécie particulièrement ici, c’est le petit nombre d’élèves, pas plus de 30 par promo. Nous avons l’occasion de passer devant une salle de classe à la moquette grise et en effet, il y a encore moins de chaises que dans certaines classes de secondaire. Un autre avantage : tous les étudiants connaissent leurs profs. Bonne nouvelle si l’on souhaite demander de l’aide, mais moins bonne si l’on est adepte de l’école buissonnière. Mais la question ne devrait pas se poser de toute façon, car tous les cours sont obligatoires si l’on en croit le règlement intérieur de l’école. 

Une personne nous explique « la plupart des personnes ici ont vécu en Belgique toute leur vie mais ne s’identifient pas comme Belges. Ce sont des enfants de l’Union Européenne. ». Un autre étudiant, venu de Grèce, Notis partage le même avis : « Il y a beaucoup de Belges ici, mais beaucoup de diversité aussi. Je pense que l’on peut trouver une personne qui vient de chaque pays du monde, c’est assez incroyable ! ». Si l’on en croit Olesya Tkacheva, professeure à Vesalius College, ce n’est pas moins de soixante nationalités différentes qui se côtoient au quotidien. Une diversité culturelle qui dépasse de loin la majorité des universités bruxelloises. Mais qu’en est-il de la mixité sociale ? 

Privilégiés, mais pas trop 

Lorsque l’on questionne les étudiants sur le prix de leurs formations, les réactions sont diverses. Certains sont très lucides quant au manque de diversité économique de l’école. C’est le cas de Thornton : « Mes camarades font à 100% partie des privilégiés ! Pour moi c’est un peu différent car le coût d’une année d’étude à l’université aux Etats-Unis ne coûte pas bien moins cher qu’une année au Vesalius College. Mais ici en Belgique, il y a quand même beaucoup d’autres options pour avoir un enseignement de qualité moins cher. Les Européens qui étudient ici font partie de familles riches. En terme de revenus, ils sont définitivement au-dessus de la moyenne. Je ne sais pas vraiment pourquoi ils choisissent cette école plutôt qu’une autre, sans doute une question d’image, de prestige. Par contre au quotidien, je ne pense pas qu’il y ait une si grande différence que ça entre les étudiants ici et ceux d’ailleurs. Ils partent juste en vacances dans des lieux différents. Peut-être que l’un ou l’autre d’entre eux font partie d’une bulle vraiment très privilégiée, mais les autres, s’ils sont économiquement au-dessus de la normale, ne font pas partie de la classe la plus riche de la population. ». 

D’autres ont des avis plus neutres sur leur milieu, comme cet étudiant en Global Communication : « Je me sens privilégié de pouvoir étudier ici, mais je ne sais pas si c’est partagé par tous mes camarades. Le coût d’une année ici est élevé et je suis reconnaissant envers mes parents de pouvoir me payer une école comme celle-ci. ».

Un petit monde aux profils variés

Dans cet édifice, diverses organisations se partagent l’espace. On trouve ainsi les bureaux d’une banque installés au sous-sol. Et même dans les étages consacrés au Vesalius College, les personnalités ne se ressemblent pas. Thornton nous explique qu’il y a plusieurs catégories d’étudiants-type. En donnant un coup de main pour la journée portes ouvertes de l’école, il a constaté que parfois les parents venaient seuls inscrire leur progéniture. Certains d’entre eux ne souhaitent même pas faire d’études. Ce serait faux de penser que parce qu’on est dans une école privée, il n’existe pas comme ailleurs, des étudiants fournissant le minimum syndical en terme de travail, pour pouvoir passer tout juste dans la classe supérieure. 

Pour les personnes que nous avons rencontrées, la formation offre une réelle plus-value, en plus de sa petite taille et de la proximité et de la qualité de l’enseignement. Notis apprécie beaucoup ses études. Après une université publique aux Pays-Bas, il est venu ici spécialement pour étudier en anglais. « Une petite structure permet également plus de networking, entre collègues, mais aussi avec les professeurs, avec qui, le contact est direct et plus facile. Dans les grandes universités, les profs ne vous connaissent même pas. Ici, si vous avez besoin d’aide, les profs sont très disponibles. »

« Quand je vois les prix ailleurs, je me rends compte que la différence est flagrante, je paie sept fois plus que la plupart des étudiants belges. » 

Thornton, Etudiant au Vesalius College

Les motivations d’un étudiant à l’autre ne sont pas les mêmes, l’un d’entre eux nous confie : « Je pense que cette école vaut son prix si on est absolument certain de vouloir poursuivre dans cette voie. Une fois que tu as choisi ta filière, tu es un peu coincé parce qu’il n’y a pas beaucoup d’autres options. C’est le problème auquel je fais face en ce moment. Je n’aime pas mon bachelier, mais je ne peux pas changer d’orientation à l’intérieur-même de l’école car tous les programmes sont assez similaires. Je réfléchis donc à changer d’école. Quand je vois les prix ailleurs, je me rends compte que la différence est flagrante, je paie sept fois plus que la plupart des étudiants belges. » La différence de prix va continuer de s’accroître puisque, afin de diversifier ses programmes de master, Vesalius College souhaite fusionner avec un autre établissement. Et qui dit amélioration du service, dit souvent augmentation des frais d’inscription. 

Vesalius College, en partenariat avec la VUB
Un bâtiment imposant, mais pas si grand
Une terrasse oui, mais fermée à clé
Notis, étudiant au Vesalius College
Les marches vers le succès
Des salles de classe à taille humaine

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