Yvan Wouandji est, à l’heure d’aujourd’hui, un des acteurs et sportifs internationaux majeurs de sa discipline, le cécifoot. Ce statut, il l’assume bien sûr mais il le voit surtout comme une « incroyable et superbe opportunité de sensibiliser le grand public et les futurs générations au handicap« .
Photo : Léo Scalco
Nous le rencontrons lors du tout premier entraînement de cécifoot de la saison avec son club de Saint-Mandé. Ses partenaires ne sont plus étonnés par les activités qu’il cumule et qui nécessitent de nombreux dédoublements de sa part. Ils en rajoutent même. Il faut dire qu’Yvan a l’habitude de porter « plusieurs casquettes dans la même journée« . Ce n’est plus seulement un joueur de cécifoot maintenant, il est aussi consultant sportif pour plusieurs médias et, depuis un an à peu près, il tient en plus le rôle d’ambassadeur pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 pour « son » département, la Seine-Saint-Denis.
En parallèle, et comme si cela ne suffisait pas, il effectue des études de journalisme mais nous y reviendrons un peu plus tard. En bref, Yvan est un « homme pressé » qui multiplie les activités, et il le doit à sa détermination, à son sport et tout particulièrement à sa passion pour la médiation qui l’anime.
Le cécifoot comme exutoire
Comment ne pas parler de football avec Yvan Wouandji alors que cette activité lui est indissociable depuis maintenant plus de dix ans. « Il ne se passe pas un jour » sans qu’il soit confronté de près ou de loin à ce sport. En qualité de joueur de cécifoot bien entendu mais aussi dans la « peau d’un spectateur » ; comme lorsqu’il assiste aux matchs des différentes équipes qu’il supporte. Sans oublier les matchs qu’il suit à la télé, à la radio ou encore avec son smartphone.
Outre son frère jumeau Yvon, c’est sa compagne Amandine qui l’accompagne au gré de ses nombreuses pérégrinations footballistiques qui l’ont mené jusqu’à l’Elysée avec les deux derniers présidents français, comme lors de la célébration des champions du monde en 2018.
Le leitmotiv d’Yvan Wouandji ? « Changer les mentalités sur le handicap« . Et cela, il l’a appris lui-même quand, à dix ans, il devient aveugle à la suite d’un décollement de la rétine et qu’il part « apprendre à vivre avec dans un institut spécialisé« . Mais Yvan ne s’épanche pas sur cette partie de sa vie, il préfère la suite. Sa découverte du cécifoot et la vie que le grand public connaît de lui. Et quelle vie déjà, avec notamment un titre de champion d’Europe en Turquie avec l’équipe de France en 2011 à 18 ans seulement.
Après ça ? Une autre distinction, et pas des moindres, mais aussi et surtout une expérience humaine et sportive unique avec les Jeux Paralympiques de Londres en 2012 et cette place de vice-champion à 19 ans donc… Et cela aussi, Yvan le raconte avec une décontraction qui lui sied parfaitement. Il faut dire que son passé et sa carrière de sportif le lui ont bien appris : l’important est de « toujours continuer à avancer sans se reposer sur une victoire ou, à l’inverse, ne jamais s’arrêter sur une déception quelle qu’elle soit« .
L’échange plutôt que le combat
Yvan est autant attaché au cécifoot qu’à sa transmission, si ce n’est plus même. Préférant naturellement « l’échange au combat » qu’impose la joute sportive, il n’est pas à l’aise quand il s’agit de « marcher sur l’adversaire« . En témoigne son envie de devenir journaliste pour mieux « transmettre son amour du ballon rond« . En effet, il n’imagine pas l’un sans l’autre. La complémentarité d’une activité et de sa transmission lui semble évidente. A 26 ans, il anticipe et « prépare déjà la prochaine génération de joueurs« . C’est dans cette optique qu’il intègre Sciences-Po Paris afin de s’adonner pleinement à ce rôle de médiateur.
Il se bat aujourd’hui pour que « le cécifoot puisse se développer en France » dans un premier temps et « dans le monde entier » s’il lui en reste sous la semelle. Il conçoit ce développement tant en termes d’image (que le grand public peut s’en faire) et de visibilité qu’en termes purement économique, tel que « l’amélioration de l’encadrement et des infrastructures existantes« . Ainsi va la vie d’Yvan Wouandji, « toujours à cent à l’heure« , jamais rassasié par les rencontres et les échanges.