Pierre-Antoine Gillet

Le parcours d’un géant du basket belge

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Le parcours d’un géant du basket belge

A 34 ans, Pierre Antoine Gillet est une légende du basket belge. Discret en dehors et leader incontesté sur le terrain, il est aussi l’un des piliers de notre équipe nationale. Retour sur le parcours d’un athlète qui a su dépasser les attentes et guider les jeunes générations

Une troupe de géants débarquent au COREtec Dôme, à Ostende. Lundi matin, l’équipe du BC Ostende retrouve son fief pour une séance photo suivie d’un entrainement. Un parfum de début de saison mêlé à un léger sentiment de stress. Même chez ces champions, la tension est là. Et pourtant, ils sont maitres incontestés du basket belge masculin depuis 14 saisons d’affilée maintenant.

Parmi eux, un joueur se détache. Plutôt discret et timide, il se prête au traditionnel exercice du portrait d’équipe, qu’il déteste pourtant. Quelques mètres plus loin, une immense fresque à son image orne le mur. Elle vient d’être peinte par des fans. Il n’y prête pas attention. Elle témoigne pourtant d’un palmarès monstrueux : 10 saisons disputées, huit titres de champion de Belgique, six Coupes de Belgique, une BNXT League et trois Supercoupes.

Bienvenue dans le monde de Pierre Antoine Gillet : un gars simple et sérieux, qui a su rester humble et concentré en dépit d’un palmarès impressionnant.

Débutant sur le parquet de Amay, à 12 ans, il rêve de devenir pro. Il prendra la route d’un centre de formation à Jambes, où il n’écrase pas la concurrence. Une success story inhabituelle pour un sportif de haut niveau. « Partout où je suis allé, j’étais un peu l’outsider. Je venais d’un petit club (NDLR : Gaulois de Ombret). Il n’y avait qu’une partie des joueurs en sélection régionale qui pouvait intégrer le centre de formation. Moi, je n’étais pas dedans » , se rappelle-t-il. « Mes parents m’ont poussé à écrire une lettre de motivation. Et ça a fonctionné. Je suis donc rentré au centre en étant le moins fort… et je suis sorti le premier à signer un contrat pro » .

Après cette signature inopinée, l’ailier fera chemin de Liège jusqu’à Ostende en passant par Chalon-sur-Saône et Teneriffe. Il accomplira l’un de ses rêves : jouer pour l’équipe nationale ou il y deviendra un pilier pendant une décennie entière.

« Représenter mon pays, ça a été toujours quelque chose d’important pour moi. Entendre l’hymne, ça me faisait toujours des frissons. Cela permet de réunir tout le monde dans notre pays de plus en plus divisé » . En juillet dernier, le joueur met un terme à cette belle aventure, faute de temps de préparation suffisant entre deux saisons. Fêté pour son dernier match, il n’oublie pas les très beaux souvenirs vécus avec le maillot noir-jaune-rouge. « J’ai disputé trois championnats d’Europe. C’est clairement le plus haut niveau auquel j’ai joué. Quand tu te retrouves face aux meilleurs joueurs du continent, tu réalises à quel point le basket européen est relevé. À un moment, j’ai pris la décision d’arrêter. J’étais fier de ce que j’avais accompli avec l’équipe nationale. C’était aussi un choix familial. Les étés sont très courts, et je sentais que, physiquement comme mentalement, ce serait compliqué de continuer à tout enchaîner. Si je voulais me préserver pour la saison suivante, je devais lever le pied» .

Toutes ces expériences à l’étranger et en équipe nationale lui ont permis de devenir un véritable leader sur le terrain. De nature très timide, il est pourtant devenu un des capitaines emblématiques du club ostendais, à l’âge de 34 ans. Dans le vestiaire, il ne prend pas souvent la parole. « Je n’aime pas trop m’exprimer pour le simple plaisir de parler, parfois il vaut mieux être clair et direct » , explique-t-il. En tant que jeune joueur, il écoutait les vétérans. Désormais, il guide les jeunes qui arrivent. « C’est parfois compliqué de gérer ces nouvelles générations, mais c’est aussi un défi que j’accepte. Je suis plutôt un gars qui montre ce qu’il faut faire. J’essaie de mettre beaucoup d’énergie, d’intensité, de me battre pour chaque ballon. Quand tu es à terre ou que tu sautes pour récupérer un ballon, ça influence le reste de l’équipe, le public… tout le monde. »

L’arrivée de jeunes joueurs ambitieux n’a fait que renforcer le rôle de Gillet au sein de l’équipe. Il hérite à présent du rôle du « papa » de l’équipe. « Quand j’ai commencé ici, j’étais un jeune et je faisais de mon mieux pour rester discret, écouter les vétérans. Aujourd’hui, les jeunes arrivent avec une confiance incroyable et pensent déjà être prêts. C’est parfois compliqué à gérer. Ce qui est fou, c’est que j’ai vu les grands joueurs du basket belge qui étaient là. Je les ai vus partir, puis j’ai vu de jeunes joueurs arriver, et j’ai fait un peu la transition. Maintenant, les jeunes me disent : “Bah oui, tu fais déjà partie des grands noms.” Parfois, c’est un peu difficile de réaliser ça » .

À 34 ans, le Hutois s’approche déjà de la fin de sa carrière. Pour lui, hors de question de rester dans le monde du basket. « Pour l’instant, je ne sais pas trop si je veux rester dans le basket, parce que c’est tout ce que je connais. Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire ensuite. Être coach, agent, manager … ça ne m’intéresse pas. C’est difficile de rester pleinement dans le moment présent et de profiter de ce que je fais, alors que je sais qu’il faut doucement préparer l’avenir » .

D’un petit gars d’Amay jusqu’à à un géant ostendais, d’un rôle d’outsider chez les jeunes à capitaine emblématique du meilleur club en Belgique, Pierre Antoine Gillet laissera l’image d’un joueur qui a bâti sa carrière sur un travail acharné, au-delà des titres et fresques murales. « Le basket m’a appris beaucoup sur moi-même. J’ai du caractère. À chaque étape de ma carrière, j’aurais pu abandonner, avoir peur ou me dire “OK, ce n’est pas pour moi”. Mais j’ai eu beaucoup de soutien de ma famille et de mes proches. Je peux vraiment faire confiance à ce petit cercle qui m’entoure. Ces valeurs, ce sont aussi mes parents qui me les ont transmises. Le basket m’a appris que rien n’est facile, mais que, si j’ai vraiment quelque chose en tête, je vais jusqu’au bout » . À l’heure actuelle, le parcours de Gillet reste un exemple, alors que le basket belge est en pleine expansion.

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