Orthografe : à qui la faute ?

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Logo Mémoire Médiatique : ©Orthografe : à qui la faute ? Younes Belmedioni

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Tout le monde la fréquente depuis sa tendre enfance, avec plus ou moins de difficultés : l’orthographe de la langue française. Le niveau baisse-t-il ? Est-ce devenu inutile d’améliorer son niveau vu les correcteurs orthographiques ? Telles sont quelques-unes des questions qu’explore notre podcast.

Si il y a un lieu où on évalue l’orthographe de la langue française aux élèves, c’est dans l’enseignement général. L’enquête radiophonique commence par une immersion dans une classe de 6ème année secondaire dans une Athénée à Bruxelles afin de vérifier s’il y a une baisse du niveau de l’orthographe. Il est intéressant de voir quelle place occupe l’orthographe au sein d’une grille d’évaluation et l’importance donnée par les élèves à l’orthographe. « Il y a le constat qui est dressé, nos élèves maîtrisent moins bien la langue. Pas que l’orthographe, la langue en général. Dans le nouveau programme du cours de français, l’orthographe ne vaut que pour 10% de la note finale. C’est vrai que ce n’est pas grand chose. Les élèves parcourent la grille d’évaluation avant de lire les consignes. Ils voient bien que l’orthographe ne compte pas pour beaucoup et ne se concentrent pas là-dessus« , confie Cécile Pepersack, professeure de Français. Les élèves de 6ème année secondaire de l’enseignement général sont censés connaître l’orthographe de la langue de la française et être préparés à poursuivre des études supérieures, voire universitaires.

Pour remédier à cette baisse de niveau, plein de questions émergent tant chez les élèves que les professeur.re.s. La dictée ne semble pas la meilleure solution mais un besoin de compréhension des règles orthographiques est exprimé par les élèves. « Etudier de la matière sans la comprendre, on l’oublie très vite. Les élèves ne voient pas l’intérêt et ne comprennent peut-être pas pourquoi il faut étudier des règles sans savoir d’où elles viennent », complète notre interlocutrice.

Les élèves, de leur côté, considèrent que l’orthographe est importante pour un futur emploi. « Je trouve que l’orthographe a une place très importante dans notre société parce qu’elle nous permet, notamment, d’écrire des lettres pour trouver des jobs et c’est grâce aussi à ça que les personnes pourront se dire qu’on a un certain niveau professionnel, raconte Soraya, une élève de 6ème année secondaire. L’importance d’une lettre de motivation ou d’un CV sans fautes est essentielle mais pas suffisante dans le monde actuel du travail car une grande maîtrise de la langue écrite est exigée.

Donner du sens aux règles orthographiques

L’orthographe de la langue française est si complexe qu’on est obligé de l’étudier comme elle se présente. Le français écrit ne correspond pas à 100% à la langue orale : écriture des mots et les accords entre eux tous confondus. Ces règles comportent beaucoup d’exceptions et donner des explications pour chaque règle ne favoriserait pas forcément une meilleure appropriation de la matière par les élèves. Il y a des sons et des mots qui se prononcent de la même manière mais ne s’écrivent pas de la même manière (seau, saut, sot,…). Sans oublier des lettres qui ne se prononcent pas de la même manière selon le mot (taxi, Auxerre,…). Pas d’autres choix que d’apprendre ces règles par cœur. Bien écrire ne se résume pas qu’à l’orthographe, la grammaire et le vocabulaire sont aussi des compétences importantes.

La complexité de la langue française (et de son écriture) est liée à son histoire mais également à des choix politiques. On commence à écrire la langue française qu’à partir du Moyen Âge. Elle était un mélange de différentes langues : le gaulois, le latin et le « francien » (une langue germanique des Francs). Le choix d’utiliser l’alphabet latin pour la transcrire pose, dès le départ, un problème car les phonèmes du français (les sons) sont plus nombreux que les lettres de l’alphabet. L’alphabet latin ne comportait que 23 lettres. Les lettres J, U, W n’existaient pas encore : le « I » était utilisé pour « J » et le « V » pour « U ». Au fil des époques, le « J, U et W » ont été rajoutées à notre alphabet. Le français parlé comporte entre 36 et 38 phonèmes : 16 voyelles, 17 consonnes et 3 autres sons qu’on retrouve dans « fille », « oui » et « lui ».

Peu après, l’Académie française a fait le choix de se baser sur l’étymologie et de s’inspirer du grec et du latin. Mais ces langues anciennes ne sont plus aussi largement enseignées que par le passé aux élèves. De plus, certains mots ont été modifiés « par erreur » avec les débuts de l’imprimerie au milieu du XVe siècle. Donc comprendre la logique de l’écriture de certains mots et leur donner du sens est très difficile, surtout quand il s’agit de lettres qui ne ne se prononcent pas ( chat, prix, froid,…).

Des réformes insuffisantes

Il y a eu plusieurs tentatives de simplifier l’orthographe mais aucune de ces réforme n’a atteint complètement son objectif. Cependant, une réforme de l’orthographe a été proposée par le Conseil supérieur de la langue française en 1990 et a été approuvée par l’Académie française. L’Académie française a considéré cette réforme comme des « rectifications » qui ne doivent pas être obligatoires et mentionne que l’orthographe actuelle reste d’usage. En décembre 1990, les rectifications sont publiées dans le Journal officiel de la République française. La 9ème édition du dictionnaire de l’Académie française a intégré cette réforme. En parlant de cette réforme, la question était de savoir s’il était nécessaire de simplifier l’orthographe pour réduire le nombre d’erreurs et la rendre plus accessible à tous. « Les demi-mesures qu’on propose avec l’orthographe réformée de 1990, sont totalement insuffisantes. Ça n’apporte pas grand chose et on voit bien que les élèves continuent de faire de nombreuses fautes d’orthographes. De plus, la nouvelle orthographe existe depuis 1990 et on se rend compte que presque personne ne l’applique« , nous explique Christophe Bertiau, docteur en langues, lettres et traductologie de l’ULB, et anciennement professeur dans l’enseignement secondaire. Aujourd’hui, elle n’est pas appliquée par la majorité des auteurs (ni des correcteurs) parce que certains mots « sonnent » faux quand on les écrit différemment de ce que l’on a appris à l’école. La plupart des gens en dehors du milieu scolaire ou littéraire ne connaissent pas cette réforme en raison d’une diffusion insuffisante de son contenu.

La question du niveau de l’orthographe reste importante pour une autre raison. Elle touche à la structuration de notre pensée. Ne pas disposer de suffisamment de vocabulaire et ne pas maîtriser les règles grammaticales limite l’expression des élèves. La maîtrise du langage – oral comme écrit – permet la construction de la pensée.

Quelles sont les pistes de solution à exploiter pour remédier à cette baisse du niveau de l’orthographe ? Est-ce devenu inutile d’améliorer son niveau d’orthographe vu les correcteurs orthographiques ? Faut-il se préoccuper de cette baisse du niveau d’orthographe ? Ce mémoire médiatique tente de répondre à ces questions dans ce podcast.

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