L’upcycling pour revaloriser nos déchets

En Europe moins d’un détritus sur trois est recyclé. Le reste est soit composté, soit incinéré, soit mis en décharge. Si certains considèrent les déchets comme des objets en fin de vie, d’autres y voient là une matière première qui ne demande qu’à être transformée. Un concept de recyclage amélioré nommé “upcycling”.

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Photo Vie en transition

En Europe moins d’un détritus sur trois est recyclé. Le reste est soit composté, soit incinéré, soit mis en décharge. Si certains considèrent les déchets comme des objets en fin de vie, d’autres y voient là une matière première qui ne demande qu’à être transformée. Un concept de recyclage amélioré nommé “upcycling”.

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En 1994, Reiner Pilz, un ex-ingénieur allemand reconverti dans l’architecture, tient ces propos dans une interview pour le journal Salvio in Germany : « Nous parlons de la prochaine directive européenne sur les déchets. Le recyclage ? J’appelle cela le « Downcycling ». On fracasse des briques, on fracasse tout. Ce dont nous avons besoin, c’est l’ « Upcycling » pour ajouter de la valeur à des produits usagés, pas leur en donner moins ». Première personne à évoquer le mot « upcycling », Reiner Pilz lance une idée qui continuera d’exister à travers l’ouvrage « Cradle to Cradle : Remaking the Way We Make Things » (traduction française : « Du Berceau au Berceau : Créer et Recycler à l’Infini ») publié en 2002 et co-écrit par l’américain William McDonough et l’allemand Michael Braungart (North Point Press, New York). 

Dans leur livre, les auteurs définissent le concept comme suite : «l’upcycling» (valorisation des déchets) est un procédé qui permet de réutiliser des matériaux et de les rendre à nouveau utiles, voire de leur donner une nouvelle identité et une nouvelle valeur. Ce procédé permet également de réduire la consommation des matières premières nécessaires à la création de nouveaux produits et ainsi de réduire non seulement la consommation d’énergie nécessaire à leur production, mais également l’impact négatif qu’une telle production peut avoir sur l’environnement (pollution de l’eau, de l’air et émission de gaz à effet de serre) ».

L’upcycling n’est pas juste un souffle nouveau, c’est un concept qui se découvre lentement. En 2014, en Belgique, les présidents des comités de direction des services publics fédéraux de l’économie et de la santé publique, respectivement, Jean-Marc Delporte et Dirk Cuypers, ont proposé aux formateurs du gouvernement une stratégie à long-terme autour du développement durable : l’économie circulaire. Ce système vise à conserver les produits et la qualité de leur utilisation le plus longtemps possible sur le marché économique, freinant ainsi la courbe exponentielle du gaspillage.

Un début de solution ?

Depuis début 2018, la Chine a freiné son importation de plastiques en provenance des pays occidentaux. Le pays asiatique importait 8,4 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Il est le premier mondial dans ce domaine. Dans les pages de La Libre, Arnaud Brunet, le directeur du bureau  international du recyclage (BIR) basé à Bruxelles, n’a pas hésité à qualifier cette nouvelle de « tremblement de terre ». Ne sachant qu’en faire, l’Europe et les États-Unis laissent leurs déchets plastiques se retrouver en mer, où ils ne polluent pas seulement les océans, mais également tous les écosystèmes se trouvant dans les alentours. 

Le développement de l’upcycling pourrait permettre d’intégrer complètement les déchets plastiques dans le circuit de l’économie circulaire. Ce que le recyclage ne parvient pas à réaliser puisque le plastique possède des composantes qui ne sont pas réutilisables.

Concernant les vêtements, 80% de ce qui est exposé en magasin termine soit en décharge, soit est incinéré. On est face à une industrie qui émet plus de CO2 sur une année que tout le secteur aérien, tout en continuant d’exploiter des ouvrier.e.s en Asie. En Belgique, le poids que représentent les déchets textiles s’est élevé à près de 170.000 tonnes rien qu’en 2016. Aujourd’hui, de nombreuses écoles de mode forment leurs élèves à créer de nouvelles pièces à partir de vêtements usagés. En fabriquant un vêtement upcyclé, on évite 84% d’émission de CO2 en moins et on économise 85% d’eau par rapport à la production d’un vêtement neuf. Les grandes enseignes se mettent aussi au diapason : en 2011, par exemple, Hermès s’est emparé de l’upcycling et sort une collection mélangeant le luxe et l’écologie.

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