Le zéro déchet absolu est-il possible ?

Depuis 2014, la Belgique stabilise ses émissions de déchets ménagers. À l’inverse, certains pays membres de l’Union européenne n’y parviennent pas. Pourtant, une tendance émerge. De plus en plus de foyers tentent de réduire au maximum leur production de déchets. On les appelle “les familles zéro déchet”.

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Photo Vie en transition

Depuis 2014, la Belgique stabilise ses émissions de déchets ménagers. À l’inverse, certains pays membres de l’Union européenne n’y parviennent pas. Pourtant, une tendance émerge. De plus en plus de foyers tentent de réduire au maximum leur production de déchets. On les appelle “les familles zéro déchet”.

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En 2017, l’Européen a généré en moyenne 487 kg de déchets ménagers, d’après les dernières recherches de l’Office statistique de l’Union européenne (Eurostat). Cette appellation reprend tous les déchets qu’un ménage produit : papier, cartons, verre, plastique, métal, organique… Parmi tous ces détritus, 30% sont recyclés, 17% compostés, 28% incinérés et 24% mis à la décharge. Dans le club des 27, la Belgique figure dans le top 10 des pays générant le moins de déchets. Dans le même temps, la moyenne européenne ne fait qu’augmenter. Quelles sont les solutions pour produire moins de déchets ? Que mettre en place pour pousser les familles à freiner leurs émissions de déchets ? 

« Refuser, réduire, réutiliser, recycler, pourrir (et seulement dans cet ordre) sont les secrets de ma famille pour réduire notre poubelle annuelle en pot ». En 2008, Béa Johnson s’est fait connaître du monde entier pour sa production de déchets annuelle tenant dans un bocal d’un litre de volume en suivant sa « règle des 5R » (« pourrir » se dit « rot » en anglais).

Nouvelle mentalité et nouvelles habitudes

Aujourd’hui, Béa Johnson n’est plus seule à porter l’étendard du « zéro déchet » pour les différents pays francophones. En France, Jérémie Pichon enchaîne les conférences depuis la parution de son premier livre en octobre 2016 : « Famille (presque) zéro déchet : ze guide ». Au Québec, au Canada, Laure Caillot fournit sur son blog ses astuces aux quelques milliers de followers sur ses réseaux sociaux. Et en Belgique, la famille Zéro Carabistouille casse les clichés à travers une web-série humoristique. 

Pourtant, Sylvie Droulans, la mère de la famille Zéro Carabistouille, estime que le concept n’en est qu’à ses balbutiements. « C’est pour cela qu’on a investi dans notre blog. Le concept a vu le jour en Belgique en 2015. Depuis qu’on partage notre expérience, je vois vraiment qu’un engouement s’est développé ces quatre dernières années”. Elle se réjouit d’avoir atteint un public engagé : “Il reste un public cible beaucoup plus difficile à atteindre et qui possède de gros moyens. Comment toucher un public plus varié ? Je suis parfois sceptique par rapport à cela. Il est sans doute là le plus grand défi du zéro déchet. »


“Il faut s’y prendre étape par étape”

Tenir ses déchets dans un litre de bocal n’est pas donné à tout le monde, bien que ce changement soit accessible avec une certaine motivation. À y regarder de plus près, les principaux changements effectués se situent dans les habitudes de consommation. Faire ses courses dans des magasins en vrac afin d’éviter tout emballage superflu. Ne pas oublier ses contenants lorsqu’on s’y rend. Acheter ses produits directement chez le producteur local quand l’occasion se présente. 

Les astuces ne manquent pas, mais Sylvie Droulans rappelle que ce changement ne se fait pas en un claquement de doigt. Il faut persévérer et garder à l’esprit que des sacrifices seront nécessaires pour s’approcher du zéro. « Il faut s’y prendre étape par étape. Si on est bienveillant avec soi-même et avec les autres, tout se passera bien.” 

Pour cette mère de famille, il faudra faire des concessions car tout ne sera pas accessible :  “Pendant un temps, on sera hors de sa zone de confort. Mais il ne faut pas se faire mal pour autant. Cela doit rester un plaisir, quelque chose d’amusant. Mais effectivement, parfois la solution, c’est de refuser de consommer telle ou telle chose. »

Objectif Zéro Déchet 

Le Belge a produit 409 kg de déchets ménagers sur l’année 2017. Moment choisi par le ministre wallon de l’environnement de l’époque, Carlo Di Antonio, pour lancer un défi aux communes : Objectif Zéro Déchet. Les villes doivent sélectionner une quinzaine de familles de leur région et leur enseigner des techniques pour diminuer leur production de déchets. À Genappe, les familles qui ont suivi les ateliers, sont parvenues à réduire leurs émissions de déchets de plus de 100kg par an et par habitant. À Namur, la demande de participation était tellement forte que la ville a étalé l’expérience sur deux années. 

Le problème du « zéro déchet » réside sans doute dans l’intitulé. Ne pas produire de déchet s’avère impossible. Nous pouvons uniquement diminuer notre émission. Il faut accepter cette contrainte et ne pas voir le « 0 » comme une obligation. Un exemple évocateur est le terme « presque » ajouté au titre du livre de Jérémie Pichon. D’ailleurs, au micro de la télévision locale Canal Zoom, il se permet même d’ajouter : « J’ai trois grands problèmes aujourd’hui : c’est ma voiture, mon smartphone et mon ordinateur portable. Nous sommes dans un système d’obsolescence, de remplacement rapide… On est dans la surconsommation. (…) Il me reste plein de choses à régler. Mais je n’ai pas forcément la solution parce que l’économie ou la politique ne me le propose pas »

Une prise de conscience comme première étape

Les techniques que l’on apprend durant les ateliers zéro déchet ne tombent pas du ciel. Nos grands-parents employaient déjà ces astuces au quotidien. La génération de nos parents a grandi avec le développement de la publicité et de la surconsommation. Mais aujourd’hui, une partie de la population amorce des changements dans leurs comportements et se détache de la consommation en abondance.


“Il y a une sorte de militantisme”

Pour Sylvie Droulans, grâce aux réseaux sociaux, le consommateur a la  possibilité de s’exprimer, de poser les questions, mais surtout d’interpeller directement les grandes surfaces. « Le consommateur doit reprendre conscience qu’aujourd’hui, il a une capacité énorme de pouvoir changer les choses simplement en changeant ses habitudes et en utilisant au mieux son pouvoir d’achat”, développe-t-elle. 

À propos de l’engagement que cela représente : “Il y a une  sorte de militantisme que de dire : je vais aller chercher mes légumes chez le petit producteur du coin plutôt que dans une grande surface. » 

Même si les grosses industries ne frémissent pas devant le pouvoir d’achat du consommateur, le zéro déchet continue d’évoluer petit à petit dans les ménages. Seul le temps nous dira si ce concept est un phénomène en effervescence, un effet de niche ou bien un phénomène de mode qui finira par se dissiper. 

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