Le chantier éternel aux portes de Bruxelles

Cela fait bientôt cinq ans que les travaux du Boulevard de la Woluwe et de la chaussée de Louvain se prolongent. Une situation typiquement belge qui exaspère autant les habitants que les commerçants.

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Crédit photo : Maxime Dieu (CC BY NC ND)

Cela fait bientôt cinq ans que les travaux du Boulevard de la Woluwe et de la chaussée de Louvain se prolongent. Une situation typiquement belge qui exaspère autant les habitants que les commerçants.

Crédit photo : Maxime Dieu (CC BY NC ND)

Lundi matin, 7h, la file de voitures s’allonge déjà sur plusieurs kilomètres, tant pour rentrer dans Bruxelles que pour en sortir. Pour les automobilistes c’est le même combat tous les jours, matin et soir, et ce depuis déjà quatre ans. Les travaux au croisement du Boulevard de la Woluwe et de la chaussée de Louvain, à cheval entre Kraainem et Zaventem, ont débuté en 2015. Il ne s’agissait à l’époque que de construire un nouveau dispositif d’égouttage, et un bassin d’orage souterrain. Plus que deux bandes au lieu de quatre, le boulevard bloqué, et des détours immenses, et ce durant deux ans. Dans les faits, fin 2019, les travaux sont toujours en cours. Le bruit des tractopelles se mêle quotidiennement au bourdonnement des véhicules à l’arrêt, laissant passer piétons et cyclistes, forcés à faire un détour à travers un chantier boueux, ils ont l’habitude.

Une saga sans fin

Suite à un conflit entre le ministre flamand de la mobilité Ben Weyts (N-VA) et la bourgmestre de Zaventem Ingrid Holemans (Open VLD), les travaux avaient pris plusieurs mois de retard. De plus, l’Agence des Routes et de la Circulation flamande (AWV) a eu de graves problèmes avec son contractant Viabuild, la capacité portante des fondations du réseau d’égouts s’est révélée insuffisante. En 2016 et 2017, les travaux ont été à l’arrêt. C’est finalement en 2018 que la première phase a été terminée. La seconde phase a débuté quelques mois plus tard, le 5 août dernier. Il s’agit maintenant de construire un tunnel à vélo sous la chaussée de Louvain. Passer par ce croisement est à nouveau un véritable calvaire, tant pour les automobilistes que pour les piétons et les cyclistes. Cette nouvelle infrastructure, que certains appellent déjà ironiquement « Greta », traduit une volonté de la région Flamande de donner une alternative aux automobilistes, qui seront bientôt impactés par les travaux du ring de Bruxelles. Le croisement était par ailleurs dangereux pour les cyclistes. Cette nouvelle voirie est promise par la région comme étant plus sûre et confortable à utiliser. Le projet déchaîne les passions des habitants qui déplorent le peu de circulation de cyclistes dans la zone.

Sur le chantier, ce sont les pelleteuses vertes de BAM Contractors qui ont remplacé Viabuild. La Werkvennootschap, l’organisation créée par le gouvernement flamand pour coordonner les travaux de grande envergure, a accordé une importance toute particulière à la qualité de leur nouveau contractant plutôt qu’au prix. Plus question de retarder la fin des travaux. Des exigences très strictes ont été données à BAM Contractors pour s’assurer que les travaux finissent bien fin 2020, mais personne ne peut le garantir. Sur place, dans un préfabriqué vert qui sert d’Infopunkt, Rob Gueuns l’ingénieur du site assure que pour le moment les délais sont respectés. Les habitants s’accordent maintenant tous sur le fait que les ouvriers travaillent, et ont l’air déterminés à finir les travaux d’ici un an et demi, malgré le terrain particulièrement marécageux et difficile. La zone est fréquemment touchée par des inondations, contre lesquelles un bassin d’orage a été construit afin de pomper l’eau. Malgré tout, BAM Contractors ne peut écarter le risque.

Un voisinage désabusé

Face à la lenteur du projet et ses complications, les habitants et les commerçants sont exténués. Mark, propriétaire d’une boutique du coin, explique que depuis le début des travaux, les affaires vont mal : « J’ai dû licencier mon employé, les recettes ne sont plus bonnes et à la fin du mois les banques ne font pas de cadeaux, il faut rembourser le prêt ! ». À cela, l’Agence des Routes et de la Circulation flamande rappelle que les commerces peuvent demander 2000 euros de prime de nuisance et de fermeture pour travaux publics. Pour la Werkvennootschap le mot d’ordre est la communication. Les habitants de Kraainem et Woluwe-Saint-Pierre reçoivent des lettres qui contiennent toutes les informations sur le phasage, les déviations et l’avancée des travaux. Ces différentes mesures ne semblent pas adoucir l’exaspération des habitants qui subissent ces travaux depuis de nombreuses années. Yanni Papadimitriu, propriétaire du Pirate Café, situé juste en face des travaux a vu apparaître, comme bon nombre de résidents, des fissures dans les carrelages de sa terrasse. Ceux-ci sont dus aux pieux que les ouvriers plantent dans le sol afin de construire le tunnel à vélo.

« Nous avons déjà essayé de batailler, mais ça ne sert à rien. À ce stade-ci il faut attendre et les laisser terminer le plus vite possible » relativise Mark. Si ce chantier ne battra pas le record de la durée, tout le monde ose espérer voir la lumière au bout du tunnel à vélo fin 2020.

Les travaux au croisement du boulevard de la Woluwe et la chaussée de Louvain durent depuis bientôt cinq ans
Les travaux provoquent des gros embarras de circulations à l'entrée de Bruxelles
Le chantier boueux est devenu le quotidien de tous les habitants
Les ouvriers de BAM Contractors ont reçu des exigences strictes afin de finir les travaux à temps
Yanni Papadimitriu a été contraint d'investir dans un nouveau parking pour son restaurant, les clients se font rares
Yanni Papadimitriu a été contraint d’investir dans un nouveau parking pour son restaurant, les clients se font rares.
Photo : Maxime Dieu (CC BY NC ND).
Le magasin Château D'Axe est également perturbé par les travaux, sa grande baie vitrée donne sur le chantier
Le magasin Château D’Axe est également perturbé par les travaux, sa grande baie vitrée donne sur le chantier
Photo : Maxime Dieu (CC BY NC ND).
Le chantier impacte de nombreux commerces
Nuit et jour le croisement est congestionné
Au bout de quatre ans, le chantier fait partie du décor
Au bout de quatre ans, le chantier fait partie du décor
Photo : Maxime Dieu (CC BY NC ND).

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