La Wallonie, terre de béton ?

Limiter de moitié l’augmentation de l’artificialisation des sols dès 2025 c’est le défi que s’est lancé l’actuel gouvernement wallon. Intitulée Stop béton, cette opération doit permettre d'enfin inverser la tendance. A quelques mois de cette échéance, le paysage wallon a-t-il déjà entamé sa transformation ?

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Photo : Martin Mathot (CC BY-NC)

Limiter de moitié l’augmentation de l’artificialisation des sols dès 2025 c’est le défi que s’est lancé l’actuel gouvernement wallon. Intitulée Stop béton, cette opération doit permettre d’enfin inverser la tendance. A quelques mois de cette échéance, le paysage wallon a-t-il déjà entamé sa transformation ?

Photo : Martin Mathot (CC BY-NC)

Le Belge a, dit-on régulièrement, une brique dans le ventre. Un appétit pour la construction qui explique, parmi bien d’autres facteurs, l’important taux d’artificialisation de la Région wallonne. En 2022, 10,9% du territoire wallon était artificialisé, c’est-à-dire « retiré de son état naturel, agricole ou forestier qu’il soit bâti ou non, revêtu ou non1 ». Un chiffre préoccupant puisque l’artificialisation des sols entraine une diminution de la biodiversité et de la qualité de vie des citoyens. Un sol artificialisé est également plus susceptible d’être imperméable et donc plus exposé à un risque d’inondations.   

Pourtant, année après année, la part de sols artificialisés n’a cessé d’augmenter. En 10 ans, elle est passée de 171 984 à 183 564 hectares. Concrètement cela signifie qu’en moyenne, 11.6 km2 soit l’équivalent de 1 625 terrains de football, ont été artificialisés en Wallonie chaque année depuis 2012. Si la tendance est à la baisse par rapport aux années 80 ou 90, elle demeure inquiétante.

Des disparités communales

Consciente du problème, la Région wallonne souhaite mettre fin à la hausse de l’artificialisation des sols en 2050 conformément à une recommandation européenne de 2011. Pour y parvenir, l’actuel gouvernement veut d’abord diminuer de moitié la hausse de l’artificialisation des sols à partir de 2025. Pour rendre cette mesure contraignante, une réforme du Code de développement territorial (CoDT) est actuellement en discussion au sein du gouvernement.

En Wallonie, les communes disposent d’un pouvoir relativement important en matière d’aménagement du territoire. Chacune d’entre elles peut ainsi choisir de prendre à bras le corps ou non la question de l’artificialisation des sols. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les disparités sont importantes. Si certaines communes font figure de bonnes élèves, Hélène Ancion, chargé de mission Aménagement du territoire et urbanisme chez Canopea (fédération d’associations environnementales), met en garde contre une tendance à « la transformation de terrains naturels sous prétexte qu’ils sont proches des centres ou en ville ».

« Lutter contre l’artificialisation des sols c’est aussi faire face à des situations absurdes » poursuit Hélène Ancion. « En recours, le ministre doit parfois, faute de cadre juridique adéquat, accepter des demandes de permis préalablement refusées par des communes dans une optique de lutte contre l’artificialisation. » Faire aboutir la réforme du CoDT apparait dès lors comme une priorité. En attendant le véritable lancement de Stop Béton et d’un plan homogène, les sols wallons, eux, poursuivent donc leur artificialisation .

1 Ministère français de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, 2010. Définition reprise par l’IWEPS dans le cadre des données utilisées pour réaliser cet article.

Les données de l’IWEPS en matière d’utilisation des sols sont récoltées sur la base du cadastre. En matière d’artificialisation des sols, ces données peuvent être influencées par la correction des données cadastrales ou par un redécoupage de parcelles. Découvrez à ce propos la note méthodologique complète de l’IWEPS.

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