Itinéraire d'un livreur à vélo-cargo

On l’appelle « vélo-cargo » ou « vélo de livraison ». Moins polluant, plus rapide et efficace que le camion, ce vélo pas comme les autres semble être une solution qui "roule" pour les petits magasins bruxellois. Enchainant les tournées à coups de pédales, les livreurs en vélo-cargo ont, en quelques années, pris peu à peu leurs aises dans la capitale.

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Laura Dubois (CC BY NC ND)

On l’appelle « vélo-cargo » ou « vélo de livraison ». Moins polluant, plus rapide et efficace que le camion, ce vélo pas comme les autres semble être une solution qui « roule » pour les petits magasins bruxellois. Enchainant les tournées à coups de pédales, les livreurs en vélo-cargo ont, en quelques années, pris peu à peu leurs aises dans la capitale.

Laura Dubois (CC BY NC ND)

Florian, à bord de son vélo-cargo, peut transporter une charge allant jusqu’à 320 Kilos – Crédits : Laura Dubois

Florian est livreur en vélo-cargo depuis deux ans chez Urbike, une coopérative bruxelloise encourageant la livraison à vélo. Passionné de cyclisme depuis toujours, il a longtemps enchainé de petits boulots dans le milieu sportif. Aujourd’hui, en plus de réparer des vélos, cet étudiant bruxellois consacre une partie de ses journées à la livraison.  En selle, c’est casque sur la tête et pédales aux pieds que Florian s’apprête à partir en tournée.

À vos marques, prêt ?

Départ à neuf heures rue Goffart à Ixelles, depuis un petit garage légèrement éclairé. Ce matin-là, notre livreur du jour est chargé de livrer des sushis auprès de différents supermarchés. Il se prépare à partir : batteries gonflées, itinéraire planifié, la tournée est sur le point de débuter. Florian a revêtu son imperméable. Car s’il y a bien une chose qu’un livreur cycliste ne peut prévoir, c’est la météo. Qu’il tonne ou qu’il neige, le vélo-cargo n’a pas d’excuse : il doit respecter des horaires chronométrés. « Le seul problème de la livraison-cargo, c’est la météo, mais sincèrement ce n’est qu’un détail »  rassure Florian. C’est donc sans tracas qu’il enjambe son vélo rempli à bloc, direction le magasin le plus proche. 

Les sushis, grâce aux boites isothermes, sont livrés frais en magasin – Crédits : Laura Dubois

« L’avantage avec les livreurs à vélo-cargo, c’est qu’ils ne se contentent pas seulement de déposer la marchandise à la porte, ils rentrent à l’intérieur, et dans certains cas, s’occupent de l’étalage de la marchandise » explique un gérant de magasin. C’est le cas de Florian avec ses sushis. Arrivé sur place, il remplit le présentoir dédié à sa marchandise. Le gérant vérifie qu’il n’y a aucun dommage – en vélo, une chute est vite arrivée – et laisse ensuite repartir Florian vers ses prochaines destinations.

En chemin, la pluie s’est calmée. La pédale bat au rythme de ses pieds. Les descentes sont rapides et engagées. Tout à coup, les rues bruxelloises retrouvent leur charme, leur beauté et leur style décontracté. Le bruit des moteurs ont disparus, seuls persistent les sons habituels de la ville. Rouler à vélo à Bruxelles est presque devenu un statut de privilégié : simple, rapide, Florian dénoue les embouteillages, se ruant à toute allure d’arrêt en arrêt, de mission en mission. De la place du Luxembourg au métro de Louise, en passant par le piétonnier de la porte de Namur, il connait sa ville par cœur. Il rejoint bientôt son arrêt final au bout d’une heure et demie. Il rentre la marchandise et boucle enfin sa première tournée.

livreur à vélo-cargo
Florian est livreur à vélo-cargo. Il se rend dans un magasin Delhaize.

Un court instant de répit

Il est temps pour notre livreur de s’offrir une pause à l’endroit même de son dernier arrêt. À sa plus grande surprise, les boîtes de livraison ne sont pas totalement vides : « Ce qui est chouette avec le vélo-cargo, c’est lorsqu’il reste de la marchandise non livrée» s’amuse-t-il en déballant une boîte de sushis. Ce moment de tranquillité mérité laissera bientôt place à l’excitation du retour. Il faudra faire vite, car, à peine rentré au point de départ, Florian devra se tenir prêt à redémarrer pour un nouvel itinéraire, toujours à bord de son vélo-cargo.

Sur une seule tournée, Florian a réalisé un peu moins de dix arrêts – Crédits : Laura Dubois

Florian aura effectué une douzaine d’arrêts sur une demi-journée. Ce rythme n’est heureusement pas son quotidien. La plupart des livreurs à vélo-cargo sont étudiants comme Florian ou possèdent une activité complémentaire. Comme ce nouveau phénomène zéro carbone attire aujourd’hui de plus en plus d’acteurs sur le marché, le nombre de « livreurs-cyclistes », par conséquent, augmente lui aussi. En effet, Urbike, l’entreprise pour laquelle Florian travaille, compte bientôt s’étendre au-delà des frontières bruxelloises et cherche à conquérir Anvers et d’autres villes belges. Au vu de l’ampleur de son succès, le vélo-cargo n’a pas fini d’étonner et pourrait bien devenir un jour, notre petit camion du futur.

En attendant, Florian, lui, ne se projette pas si loin. Être livreur à vélo requiert pas mal d’énergie, une bonne condition physique ainsi qu’une excellente connaissance de sa ville. Ce métier s’adresse principalement à de jeunes hommes et femmes entre 20 et 35 ans. Passé un certain âge, Florian sera probablement contraint de vivre sa passion pour le vélo autrement, n’abandonnant pas pour autant l’espoir de voir grandir encore cette nouvelle fureur urbaine qu’incarne le vélo-cargo.

Crédits: Laura Dubois

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