Comment se portent les forêts belges ?
Forêt de Soigne – photo prise par Zoé Daix
À l’occasion de la COP30, organisée durant ce mois de novembre au Brésil et consacrée à des enjeux climatiques tels que la déforestation qui frappe durement l’Amazonie, Mammouth se questionne sur l’état des « poumons verts » de la Belgique.
Depuis des siècles, la forêt amazonienne, comme d’autres grandes forêts du monde, est victime d’une déforestation massive pour faire place à l’élevage bovin et aux plantations de soja. Des millions d’hectares sont ainsi partis en fumée, provoquant d’immenses incendies et libérant des quantités colossales de CO₂. Paradoxalement, certaines zones de l’Amazonie émettent aujourd’hui plus de carbone qu’elles n’en absorbent : autrefois puits de carbone, elles sont devenues sources de pollution à cause de cette exploitation intensive. Si la situation semble lointaine, les forêts belges affrontent elles aussi des défis qui menacent leur santé.
Willy Van de Velde, garde forestier chez Bruxelles-Environnement évoque la santé des forêts belges, elles aussi en souffrance à leur manière. Heureusement, la déforestation n’y sévit plus depuis près d’un siècle. Mais les forêts publiques belges, souvent plantées en monoculture, en paient aujourd’hui les conséquences : lorsqu’une seule essence occupe plusieurs hectares, l’apparition d’un pathogène peut fragiliser l’ensemble du massif. L’épidémie de scolytes qui a ravagé les épicéas des Ardennes il y a quelques années en est un triste exemple.

Les conditions climatiques changeantes accentuent aussi cette vulnérabilité. Le réchauffement du climat déstabilise les arbres, affaiblit leur vitalité et perturbe leur rôle de “poumons verts”. Mathieu Jonard, professeur en bio-ingénierie à l’UCLouvain et spécialiste de la santé des forêts wallonnes, évoque également les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, qui altèrent le fonctionnement naturel des arbres.
Mais des solutions existent pour redonner force et équilibre aux forêts belges. Diversifier les essences et les âges des arbres, favoriser des structures mixtes : c’est la clé d’une forêt plus résiliente. Willy Van de Velde défend aussi des coupes plus vigoureuses, parfois mal perçues par les promeneurs, mais nécessaires pour laisser pénétrer la lumière et permettre aux jeunes arbres de croître. Enfin, depuis quinze ans, la Belgique a construit plusieurs écoducs, dont il souligne l’efficacité pour protéger la faune et la flore.

