Fin du subside PAS : l’accès à la culture en péril

Les CPAS privés d'un subside de 15 millions pour l'accès à la culture

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Image illustrant une exposition d'art, Adobe Stock

Les CPAS privés d’un subside de 15 millions pour l’accès à la culture

Image illustrant une exposition d’art, Adobe Stock

«  La culture, c’est l’humanisation de l’homme« , disait Kant. La pensée a probablement guidé la rédaction de la Convention universelle des droits de l’homme, qui fait de l’accès à la culture un droit fondamental avec son article 27. Ce droit risque aujourd’hui d’être bafoué avec la suppression, par la ministre fédérale de l’Intégration sociale Anneleen Van Bossuyt (N-VA), des subsides PAS. Quel est exactement ce subside et en quoi est-il important ?  

CPAS sous pression  

“Le subside PAS est un subside fédéral dont le but est de promouvoir la participation des personnes les plus vulnérables, et de les réactiver socialement”, explique Sébastien Lepoivre, président de la Fédération des CPAS de Bruxelles. Autrement dit, il s’agit de réintégrer les personnes en situation de précarité dans la vie sociale. Pour ce faire, les CPAS divisent cette tâche en trois volets :

  • l’insertion socio-professionnelle (via des modules collectifs),
  • la lutte contre la pauvreté infantile (avec la prise en charge de frais scolaires par exemple)
  • la participation sociale et culturelle (ce qui comprend activités de groupes, tickets à prix réduits, sorties culturelles, etc…). 

Avec l’annonce de la fin du subside en janvier 2026, les CPAS se retrouvent seuls face au financement des PAS. Or, ils ne sont pas tous égaux sur le plan financier comme le rappelle Sébastien Lepoivre. “Certaines communes ont les moyens et la capacité de financer des plans comme ceux-ci, mais d’autres, malheureusement, ne les ont pas. Parce que la crise financière, elle est aussi dans les communes”. Et dans celles où la trésorerie n’est pas suffisante pour compenser cette perte, des choix devront être fait.

Sacrifier l’indispensable 

Avec des budgets qui se rétrécissent, les CPAS seront contraints de privilégier les besoins vitaux des bénéficiaires avant de leur permettre d’aller au cinéma ou au théâtre. 

Mais réduire la culture à un simple “extra” dans la vie des personnes précarisées, n’est-ce pas méconnaître sa portée réelle ? L’accès à la culture est un besoin vital : c’est un outil d’émancipation, un espace où l’on se découvre, où l’on apprend à comprendre le monde et à s’y situer. La culture, c’est aussi ce qui recrée du lien social. Aller au théâtre, participer à un atelier, visiter un musée ou assister à un concert, ce sont autant d’occasions de sortir de l’isolement dont souffrent énormément de bénéficiaires des CPAS. 

En ce sens, la culture participe pleinement à la mission des CPAS : elle est une forme de réactivation sociale à part entière. Couper les subsides qui la rendent accessible, c’est risquer de casser ce cercle vertueux. C’est d’ailleurs ce que défend le président des CPAS de Bruxelles : « On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux« .  

On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux !

Sébastien Lepoivre, Président de la Fédération des CPAS de Bruxelles

Sans l’aide du fédéral, de nombreux CPAS risquent de ne plus pouvoir offrir que quelques animations gratuites, souvent limitées en portée. Exit donc les visites de musées ou les tickets à prix réduits, seule porte d’entrée à la culture pour beaucoup. Cette disparition ne ferait qu’accentuer un fossé déjà profond entre ceux qui peuvent s’offrir ces expériences et ceux qui en sont exclus. 

« La participation culturelle, c’est un droit humain« , rappelle Sébastien Lepoivre, « c’est un ciment essentiel de toute société ». Quand une partie du public en est privé, c’est le vivre-ensemble qui s’effrite.  

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