Entrée réussie chez les pros pour le cycliste Tom Paquot

Tom Paquot, jeune coureur de Bingoal Wallonie Bruxelles, entame une seconde saison au sein du peloton professionnel à seulement 22 ans.

par

Photo: noussc (cc by nc nd)

Tom Paquot, jeune coureur de Bingoal Wallonie Bruxelles, entame une seconde saison au sein du peloton professionnel à seulement 22 ans.

Photo: noussc (cc by nc nd)

Il y a trois mois, le jeune condrusien venait de terminer une première saison prometteuse avec notamment deux podiums et plusieurs belles prestations. Il avait d’ailleurs marqué les esprits en terminant dernier de Paris-Roubaix. Tom Paquot revient pour Mammouth sur ses débuts en tant que coureur professionnel, mais aussi sur son premier Paris-Roubaix.

Peut-on dire qu’être cycliste professionnel est un rêve qui se réalise ?

Il y a quelques années, quand j’étais en junior, avec mes équipiers, on ne pensait pas au monde professionnel. C’est seulement après mes études secondaires que j’ai décidé de m’orienter à 100 % dans le cyclisme avec l’optique de devenir professionnel. Il m’aura fallu trois ans pour y arriver, mais on peut clairement dire que c’est un rêve qui devient réalité.

Quel bilan tirez-vous de cette première saison ?

Je peux dire avec du recul que ça a été une bonne saison. Pour la première partie du calendrier, j’ai eu l’occasion de courir avec des coureurs expérimentés comme le sprinter Timothy Dupont et d’en tirer le meilleur. J’ai énormément appris en jouant ce rôle d’équipier. Pour la seconde partie de la saison, je me sentais un peu mieux sur le vélo, avec notamment une cinquantaine de jours où j’avais de très bonnes sensations. Ça m’a permis de tenter ma chance et de sortir deux podiums derrière des coureurs de renom comme Thibaut Pinot, Nairo Quintana (NDLR : tous deux vainqueurs d’étapes sur les trois grands tours). En étant néo-pro, ce sont des résultats motivants pour 2022.

Casque et dossard
Auteur d’une belle saison, Tom montre fièrement son dernier dossard.
Photo : Arman Mottard (CC BY NC ND)

Vous vous êtes très vite retrouvé au départ de classiques, comme l’E3, Kuurne Bruxelles Kuurne et même le Tour Des Flandres… Est-ce que vous vous attendiez à de telles courses pour vos premiers mois ?

Non pas du tout ! Je ne pensais pas prendre le départ d’une classique dès mes premières courses. Quand j’ai vu mon nom dans la sélection, je n’ai pas fait le timide. Même si c’étaient de grosses courses, j’ai voulu rouler comme à mon habitude, avec plusieurs attaques. Et ça a failli payer ! À Kuurne, je suis parti tôt dans l’échappée. Devant, on savait qu’on pourrait aller au bout si on n’était pas repris avant les 60 derniers kilomètres. Finalement, c’est l’extraterrestre Mathieu van der Poel qui a décidé de notre sort en ramenant du beau monde dans notre groupe. C’était assez exceptionnel car je me suis retrouvé à jouer la victoire finale avec des ‘kings’ comme Mads Pedersen (NDLR : champion du monde 2019) Jasper Asgreen, Mathieu van der Poel, etc.

Vous terminez dans le bon groupe à Kuurne avec une très belle 23ème place. Est-ce que vous auriez pu tenter plus ?

Même si j’étais présent dans le final, je n’aurais rien pu faire de plus que m’accrocher. J’étais complètement cramé. Je pense que si j’avais eu les jambes du mois d’août, le résultat aurait été tout autre.

L’an dernier, vous aviez dit aux micros de la RTBF que vous vous cherchiez encore. Est-ce que 11 mois plus tard vous savez quel type de coureur vous êtes ?

Je pense que oui ! J’ai eu l’occasion de faire les Flandriennes cette année. Ça a été une très belle expérience, mais au vu de mes résultats cette saison, j’aimerais m’orienter sur des courses avec plus de dénivelés comme les Ardennaises. En plus, ce n’est pas très loin de la maison. J’ai eu l’occasion de faire la Flèche Wallonne en avril et c’était incroyable. Tout au long du circuit, il y avait des gens pour m’encourager. C’est là que je me suis rendu compte que j’avais ma place aux côtés de grands champions.

Beaucoup de coureurs ont peur de sprinter. Est-ce votre cas ?

Honnêtement, je n’ai pas vraiment peur de sprinter. C’est vrai que si c’est sur une course roulante et qu’on arrive en gros comité au sprint, je vais certainement être plus attentif et en garder un peu sous la pédale. Cependant, si on arrive en plus petit comité au sprint comme c’était le cas au Limousin, je me lance sans hésiter. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de décrocher mon premier podium de la saison avec une magnifique troisième place (sourire). Mais je pense que je pouvais gagner ! Si Laporte ne me refermait pas la porte (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots) dans les barrières, je pense que je passais ! Mais avec des « si » on refait le monde.

Vous avez pris le départ du Tour Des Flandres, mais aussi d’un Paris-Roubaix historique, est-ce que ce genre de courses marque un coureur ?

(Sourire) Oui, Roubaix a été une véritable aventure ! Je m’entraîne toute l’année seul donc ça n’a pas été fort différent à Roubaix. On savait que cela allait être vraiment compliqué, car il avait énormément plu et donc les tronçons étaient vraiment boueux.

Vous terminez dernier hors délais à plus de 40 minutes. Comment en êtes-vous arrivé là ? N’avez-vous pas songé à abandonner ?

Si j’y ai un moment songé ? OUI ! Il y a eu une chute qui a provoqué une grosse cassure avant le premier secteur pavé. C’est distancé et en petit comité qu’on a entamé le premier secteur de la journée. Au vu des conditions météorologiques, mes compagnons de course s’arrêtaient tous un à un. On s’est très vite retrouvés à 5. Même Polit, qui avait fait deuxième l’année d’avant, est monté dans la voiture. Quand j’ai vu tous ces abandons et le nombre de kilomètres restants, j’avais comme objectif la fameuse Trouée d’Arenberg (NDRL : secteur mythique dans le monde du cyclisme). Après la Trouée, je me suis dit que j’allais monter dans la première voiture que j’allais croiser. La seule et unique voiture que j’ai croisée était celle de chez Movistar, à 70 kilomètres de l’arrivée. Je ne suis pas monté dedans et tant mieux. C’était important de le finir, juste pour moi, peu importe à combien de temps du premier. Je ne suis pas quelqu’un qui abandonne, ce n’est pas dans ma mentalité.

Quand on voit l’engouement après votre arrivée, ne vaut-il pas mieux terminer dernier de Roubaix qu’en milieu de peloton ?

(Rires) Je pense ! J’ai terminé hors délai donc je ne suis pas classé, mais je suis le tout dernier à avoir passé la ligne. Je ne pensais pas avoir cet effet médiatique. Une fois arrivé sur le vélodrome (NDLR : lieu d’arrivée de la course), toutes les émotions sont tombées. Un journaliste de l’Équipe était là et m’a demandé ma réaction à chaud et l’a repostée sur Twitter. Ça a créé un véritable effet boule de neige. Le soir même, le nombre d’abonnés sur ma page Twitter avait vraiment explosé alors que je ne suis pas très actif dessus. Ensuite, les médias flamands en ont profité pour faire quelques articles. En revanche, ça a fait beaucoup moins de bruit en Wallonie.

Quand on passe des journées comme ça, on se forge un réel caractère et ça, je le sentirai cette saison. Cela étant, je ne pense pas que ce soit un exploit, ça fait partie du métier de rouler à vélo et de terminer des courses, qu’il fasse beau ou mauvais.

Nouveau sur Mammouth

Est-ce vraiment utile de voter aux européennes ?
Aller à l'école jusque 17h... bonne ou mauvaise idée?
Pourquoi y a-t-il beaucoup de chinois au Congo ?
La fin du rêve de Bernard