“A l’abordage !” hurle le pirate en brandissant son épée. C’est au cœur de l’abbaye de Villers-la-Ville que Valkar, pirate à ses heures perdues, protège son navire.
Il est un pirate, parfois un marchand ou encore un voleur de grand chemin. Maxime Blanchart est étudiant en biologie à Louvain-la-Neuve, mais aussi un grand passionné de jeux de rôles grandeur nature. Au moins une fois par an, il participe avec ses amis dans les Ardennes belges à un Mass-LARP, un jeu grandeur nature rassemblant des centaines, voire des milliers de joueurs.
La découverte d’un univers
Cela fait maintenant 5 ans que Maxime fait du jeu grandeur nature, du GN comme il l’appelle. Depuis environ un mois, avec son ami Guillaume, il a repris la présidence de l’ASBL “D’un rôle à l’autre”.
Les deux amis organisent des journées découvertes et des stages pour les enfants de 8 à 17 ans. Lorsqu’il était enfant, pour son anniversaire, Maxime avait lui-même participé à l’une de ces journées, mais sa passion s’est révélée bien plus tard.
C’est à l’occasion d’une pièce de théâtre organisée par l’ancien président de l’association, qu’il rencontre tout ce petit monde. La grande majorité des acteurs étaient des GNistes, des joueurs de jeu de rôles. Au cours d’une soirée, confortablement installé dans des canapés, il découvre leur univers,
“ Ils racontaient leurs anecdotes de vie, de jeux de rôles et moi, je n’avais pas réalisé que ça existait vraiment. J’avais l’impression qu’ils me racontaient des séries, et non, c’était leurs souvenirs !
Ce soir-là, j’avais l’impression qu’on m’ouvrait la porte de Narnia”.
Aujourd’hui, il narre avec des étoiles dans les yeux ses récits du champ de bataille. On imagine aisément le jeune homme aux cheveux bouclés et à la barbe rousse fuir sa propre exécution comme dans le film « Pirates des Caraïbes ».
Une passion riche
Pour Maxime, le GN est un endroit de liberté, où chacun peut incarner un personnage avec autodérision et sans avoir peur du jugement des autres. “Si tu respectes le théâtre comme un art. Eh bien le jeu de rôles, tu peux le respecter comme un art aussi. C’est une manière assez complète de s’amuser qui pioche un peu dans tout… C’est bien plus mature que ce que l’on pense !”
Dans les scénarios qu’il écrit avec 3 de ses amis, ils aiment aborder des thèmes intéressants comme le rejet ou la confiance en soi. « Nos méchants sont rarement complètement méchants et nos gentils sont rarement complètement gentils », remarque-t-il. C’est un grand travail d’écriture, en moyenne, cela prend 140 heures par personne. En plus de l’imagination qu’il faut pour créer son monde, et faire vivre son personnage, le GN est une discipline qui requiert plusieurs compétences. Pour Maxime, c’est aussi un sport très intense, car “quand tu fais des batailles rangées à quatre cents contre quatre cents avec un bouclier en bois de douze kilos et en armure, il faut avoir le cardio qui suit !”.
Interpréter un personnage est un bon moyen de s’évader, mais aussi de gagner en maturité.
“J’aime bien avec mes amis essayer de déceler quel trait du personnage fait partie de la personnalité du joueur” confie-t-il. “Au départ, tu achètes beaucoup de trucs, des grosses armures, des grosses épées.
Tu veux jouer des héros, des gars badass. Et puis un jour, tu comprends qu’il faut juste une chemise, une ceinture et une épée, et que tu peux t’amuser tout autant en jouant un humble marchand de patates ! ”