Au bout du stick

Portrait d'Antoine Holbrechts, pionnier du floorball belge

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Crédit photo : Saâd Farahy

Alors qu'il vient d'effectuer ses débuts dans l'élite du floorball belge en septembre dernier, Antoine Holbrechts, dit "Zébulon", est à un tournant. Habitué à la vitesse du jeu et aux claquements des crosses, le Montois de 24 ans veut se placer parmi les pionniers d'un sport encore méconnu en Belgique.

Portrait d’Antoine Holbrechts, pionnier du floorball belge

Crédit photo : Saâd Farahy

Alors qu’il vient d’effectuer ses débuts dans l’élite du floorball belge en septembre dernier, Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », est à un tournant. Habitué à la vitesse du jeu et aux claquements des crosses, le Montois de 24 ans veut se placer parmi les pionniers d’un sport encore méconnu en Belgique.

Lorsqu’il déboule sur le parquet avec ses godasses qui tapent, il est imprenable. Il court, arpente la surface du terrain comme un patineur. À croire qu’il joue comme Wayne Gretzky, la légende canadienne du hockey sur glace. La comparaison semble forte mais, dans sa tête, ça se tape en un contre un. Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », aspire à s’accomplir dans un univers qui pointe, modestement, le bout de son stick

À 24 ans, le Montois pratique une discipline à mi-chemin entre le hockey sur gazon et le hockey sur glace. Avec une balle creuse, en plastique. Le floorball se distingue par le fait qu’il se joue en salle, sur une surface plus réduite. Les basses balustrades viennent délimiter la surface de jeu, formant un enclos où tout s’accélère. Les crosses claquent, les semelles crissent, les cris se répercutent contre les murs déshabillés du gymnase. La balle file, ricoche sur les bandes, repart aussitôt. Ici, le jeu ne s’arrête jamais. Ça fait une dizaine d’années que sa vie est rythmée par le bruit des crosses qui s’entrechoquent. Une bande sonore qui résonne en lui, semble-t-il. Un amour qui se tape.

La crosse, c’est une extension de soi

Antoine Holbrechts dit « Zébulon », attaquant aux Tornado Hurricanes de Bruxelles.

Ce qui le fait revenir à chaque entraînement, ce n’est pas seulement la vitesse du jeu, mais le collectif. Chaque jeudi soir, Antoine s’entraîne avec sa nouvelle équipe. Après dix ans chez les Blackhawks de Mons, il a rejoint les Tornado Hurricanes de Bruxelles. « Je voulais trouver un projet qui me corresponde », débute-t-il. « Mons était un bon club, mais je me sentais freiné dans ma formation. Ici, j’ai intégré une équipe plus expérimentée. C’est ce qui m’a convaincu de franchir le pas. »

Depuis ses 14 ans, « Zébulon » fait rouler sa balle en plastique aux quatre coins du pays. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Antoine a pris un virage à 180 degrés cette saison. L’exercice précédent ne lui avait pas permis de s’exprimer à son niveau habituel, alors il débarque revanchard sur les parquets de D1. À peine arrivé, ses coéquipiers lui reconnaissent déjà quelques qualités. « On l’a payé assez cher pour qu’il vienne ici », plaisante Gilles, l’un des vétérans des Tornado. « Zébulon se distingue par son implication et sa lecture du jeu. Ce sont des forces notables chez un attaquant. » Jamais sans ses crosses soigneusement polies. C’est sa règle. Ne faire qu’un avec son équipement, c’est sa façon d’entrer dans le jeu. « La crosse, c’est une extension de soi », assure Antoine. « Sans elle, il n’y a rien. J’ai un besoin permanent de la toucher. Si je reste une semaine sans, je me tâte à l’idée de la retrouver. »

Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline

Loïc, ex-coéquipier et ami d’Antoine.

Une question d’adrénaline

Sa silhouette longiligne se remarque autant par son activité incessante que par son énergie sur le terrain. Rapide dans le jeu et précis devant le but, l’attaquant des Tornado s’est distingué au fil des saisons. « Zeb » dégage une impression de maîtrise et de confiance. Dans une autre vie, Antoine pratiquait le théâtre. C’est certainement là qu’il a acquis la science des mots et du placement.

Tous les jeudis soirs, les deux équipes seniors des Tornado Hurricanes de Bruxelles s’entrainent au Complexe du Neerstalle. Un rythme trop faible pour un club qui vise les sommets. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Et tout ça, c’est avant tout une question d’adrénaline. « À chaque fois que je vais à l’entraînement, je me sens bien dans ce que je fais. Aucun sport ne m’a jamais procuré la même sensation que le floorball. Cette discipline m’a libéré et j’ai trouvé, en elle, ma voie », confie Zébulon. L’ambition, presque naïve, du néo-bruxellois se mesure à son dépassement, visible à l’entrainement. Loïc, dit « Boule » l’un de ses fidèles coéquipiers des années montoises, reconnaît ce trait chez lui. « Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline », glisse-t-il. Un objectif qui ne garantit pas le succès, dans un sport où les moyens et la reconnaissance restent limités.

Pour l’instant, « Zeb » place le jeu avant la gloire. Il prône le plaisir avant tout. Le sport reste encore en phase de développement. Pas évident de se faire une place quand le statut professionnel n’existe pas. Le floorball, né en Scandinavie dans les années 1970, reste marginal en Belgique. Seulement une trentaine de clubs affiliés, quelques milliers de pratiquants actifs, et un championnat semi-amateur encore discret dans les médias.

Amener la balle au fond des filets

Malgré le manque de visibilité, Antoine n’est pas du genre à baisser la crosse. Un surplus de confiance émane de lui. Jamais pressé, toujours tranquille. Dans son écurie, Zébulon bout d’envie de prouver qu’il est le meilleur étalon. Au point d’accéder à l’équipe première ? Peut-être. En venant à Bruxelles, il a cherché un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Car à côté du floorball, Antoine est prof de sport. Il aime transmettre et apprendre des autres. C’est aussi pour ça qu’il a rejoint la deuxième équipe des Tornado. Pour progresser, encore et toujours.

Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment !

Antoine Holbrechts dit « Zébulon »

S’il nourrit son idéal avec un état d’esprit solide, les coups de barre ne manquent pas. Mais, avec sa résilience habituelle il y fait face. « Mon but est de m’amuser. Cela n’a aucun sens si ce n’est pas le cas. On ne joue pas à un niveau professionnel. », rappelle-t-il. « Boule », pour sa part, a toujours constaté la mentalité optimiste de son camarade et ami. « Dans le dur, il apprend toujours. Et, cette soif d’apprentissage lui permet de grandir. »

Sous son sourire plein, Antoine ne compte pas s’arrêter de sitôt. (Crédit photo : Saâd Farahy)

Nouvelle équipe et mêmes objectifs, donc. Antoine continue d’arpenter les parquets aux quatre coins du pays avec un but clair : populariser le floorball. Sur Instagram, il partage sa discipline pour toucher le plus grand nombre. « Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment ! », lâche-t-il en riant. Zébulon garde le même cap, sur les parquets comme sur les réseaux. La balle, fixée à sa crosse et accompagnée du crissement de ses Asics, roulera toujours. Par passion. Pour l’amour du stick.

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