A l'ombre de Pairi Daiza

Entre rugissements et concertation, Pairi Daiza anime la campagne électorale à Brugelette

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Entre rugissements et concertation, Pairi Daiza anime la campagne électorale à Brugelette

Qu’il s’agisse du projet de la nouvelle route, de l’arrivée de nouvelles serres ou encore du nombre croissant de visiteurs, Pairi Daiza ne cesse de faire parler de lui, dans un contexte électoral déjà animé. La commune de Brugelette est-elle en phase de rupture avec le parc animalier ?

Pandas prêtés par la Chine ou lionnes rescapées accueillies en provenance d’Ukraine, la vie des animaux de Pairi Daiza défraie régulièrement la chronique, pour le plus grand plaisir de ses 2 300 000 visiteurs annuels. Mais dans le voisinage immédiat, les riverains ont des préoccupations moins exotiques. Entre les nuisances et les enjeux de mobilité, la présence d’un parc aussi vaste pèse sur le fonctionnement de la petite commune de Brugelette. A l’approche des élections communales, certains candidats voudraient redéfinir les relations avec Pairi Daiza, et l’un d’entre eux plaide carrément pour le démantèlement : “Je ne vois aucun élément positif à garder ce parc à Brugelette”, affirme Lionel Stiers, tête d’une nouvelle liste, “Chacun sa vérité”, très hostile à Pairi Daiza. Lionel Stiers, c’est l’opposant le plus farouche de Pairi Daiza. Antispéciste, voire écologiste extrémiste pour certains, l’homme de 62 ans est pour un départ sans condition de son voisin de plus de 30 ans, un départ qu’il va porter haut et fort lors des élections.

Vigilante Florian

Un développement territorial en question

Les autres listes qui se présentent le 13 octobre aux électeurs brugelettois ne tiennent pas de discours aussi radicaux, mais toutes posent la question des relations entre la commune et son imposant voisin. “Pairi Daiza doit arrêter d’acquérir des terrains, qui plus est des terrains verts, pour garder des îlots de verdure”, affirme Kévin Thys, actuel conseiller communal autrefois pour Ecolo, aujourd’hui candidat en tête d’une nouvelle liste, Renouveau Citoyen. Cette liste a pourtant conservé quelques nuances de vert avec des projets priorisant le développement durable, quitte à s’opposer à la croissance du parc animalier.

Après s’être élargi sur 25 hectares au cours des 30 dernières années, celui-ci fait actuellement état de neuf mondes répartis sur septante-cinq hectares, incluant 800 espèces différentes pour plus de 7500 animaux. Le dernier projet en date ? Le Sanctuary, une serre de 40 000 mètres carrés implantée à deux pas du parc communal de Brugelette, qui devrait ouvrir ses portes d’ici 2025.

Vigilante Florian

La route de la discorde

Qui dit extensions dit nouveaux accès. Le parc animalier n’a rien laissé de côté. En vue de faciliter l’accès au site, une nouvelle route est en développement depuis 2014 par le Service public de Wallonie (SPW). Cette nouvelle voirie traverserait Silly et Ath, pour enfin arriver à l’accès Nord de Pairi Daiza. Au-delà de l’accès au parc, la route améliorera-t-elle la mobilité dans la commune de Brugelette ? Le parc animalier en est convaincu, à condition que cette initiative soit complétée par d’autres politiques de mobilité pour lesquelles il milite également.

Selon Claire Gilissen, porte-parole de Pairi Daiza, 1.800 personnes ont, en 2018, signé une pétition favorable à la nouvelle route : “Cette route a été envisagée dans un objectif d’intérêt général”, affirme-t-elle. 

Le bourgmestre de Brugelette, André Desmarlières, du PS+,  y croit également dur comme fer. “Quand vous allez quelque part, qu’est ce que vous cherchez ? La rapidité et la facilité. Il faut quand même avouer que la facilité c’est la voiture”, dit-il.  Plus de 90% des personnes se rendant en villégiatures, dans des parcs de loisirs, le font en voiture, précise Mme Gilissen.

Mais pour le collectif de riverains  “Non aux routes Pairi Daiza”, c’est de la poudre aux yeux. Ce projet de route ne serait qu’une solution temporaire à un problème structurel. “Si on ne voit pas les choses d’une manière globale, la route supplémentaire, dans 10 ans, elle ne suffira plus”. Il faudrait plutôt revoir à la baisse les ambitions d’extension du parc animalier pour garantir l’efficacité de ce nouvel accès.

Vigilante Florian

Une convention à revoir ?

Tous les habitants et habitantes de Brugelette bénéficient d’un accès gratuit à Pairi Daiza. Pour eux, il s’agit là sans doute de l’un des aspects les plus évidents de la convention qui lie le parc à la commune. Mais ce document n’en est pas moins sujet à des controverses. Au centre des discussions, le montant versé annuellement par Pairi Daiza. 

Pairi Daiza verse actuellement 485.000 euros chaque année à la commune, selon des chiffres communiqués par le bourgmestre. Pour André Desmarlières, cet apport est indispensable au bon fonctionnement de la commune. Sans lui, Brugelette peinerait à boucler son budget. Le parc estime même que la somme est sous-évaluée: elle ne représente en effet que la taxe sur le nombre de visiteurs, alors que d’autres contributions devraient être comptabilisées, comme les taxes de séjour, le précompte immobilier et les abonnements gratuits. Au total, l’apport à la commune s’élèverait à plus de 800.000 euros. En outre, “il faut estimer l’impact économique du Parc dans sa globalité :  des fournisseurs locaux et la création d’activités économiques rendues possibles grâce à la notoriété du Parc”, affirme Claire Gilissen

Kevin Thys n’en estime pas moins que l’apport du parc ne couvre pas toutes les charges engendrées par sa présence sur le territoire de la commune. Il cite notamment l’entretien des routes, le travail administratif supplémentaire de la commune lors de chaque nouvelle demande de permis de travail…

La tête de liste “Renouveau citoyen” juge par ailleurs que la convention est trop verrouillée. Une clause du texte précise que toute modification doit être signalée 6 mois avant son échéance. Sans ce renom, le document est automatiquement renouvelé pour 6 ans. Et comme la majorité actuelle n’a pas demandé de révision, le texte est désormais valable jusque décembre 2029, ce qui est inacceptable selon lui.

Avec d’autres, comme la candidate MR Laura Donfut, il pointe encore le manque de concertation entre la commune et le parc. Trop peu de réunions seraient organisées entre les autorités communales et le parc, un jugement que celui-ci conteste. Le patron de Pairi Daiza, Eric Domb, rencontre régulièrement la commune, affirme Claire Gilissen. 

Quoi qu’en pensent les uns et les autres, les relations entre le parc et la commune continueront de nécessiter beaucoup de discussions. Reste à savoir si les résultats électoraux permettront de rétablir l’entente dans le voisinage. 

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