Le temps d’écran des jeunes explose
6 heures. C’est le temps moyen que les jeunes de 15-25 ans passeraient chaque jour sur leurs écrans, selon une étude de Sciensano. Sur un an, ça fait presque 100 jours complets, le regard collé à un écran, que ce soit l’écran du smartphone, d’un ordinateur ou d’une tablette. Des chiffres inquiétants, et souvent sous-estimés par les usagers.
Quand on demande aux jeunes combien de temps ils passent sur l’écran de leur smartphone (et uniquement sur cet écran-là), ils répondent généralement 2 à 3 heures par jour. Pourtant, les données enregistrées sur leurs appareils racontent une tout autre histoire : 7, 8, parfois même 10 heures quotidiennes. Le décalage entre le temps perçu et le temps réel passé sur les écrans est donc considérable. Comme on peut le voir dans le reportage.
Des impacts bien réels sur la vie de tous les jours
Les études montrent que cet usage massif a des effets sur la concentration, le sommeil ou encore le stress. Elise Braekman, autrice de l’enquête intitulée « Utilisation de l’écran » de Sciensano, explique que les jeunes Belges sont particulièrement accros aux écrans, plus encore que dans les pays voisins. Et la tendance ne fait qu’augmenter.
Elise Braekman estime que le problème n’est pas seulement lié à la quantité de temps passée sur les écrans, mais aussi au rapport entretenu aux écrans. Pour elle, de nombreux jeunes glissent vers un usage problématique : ne pas savoir décrocher, devenir irritable, manquer des sorties juste pour rester sur les écrans… Quand ces comportements se manifestent, le smartphone n’est plus un outil, il devient une addiction.
Smartphone à l’école : un outil et une distraction
Qu’en est-il de l’usage des écrans à l’école ? Dans l’enseignement secondaire, c’est le flou artistique : certains profs confisquent, d’autres tolèrent, les règles fluctuent.
Dans le supérieur, par contre, impossible d’interdire : le smartphone est devenu un véritable outil de travail. Notes, agenda, plateformes de cours, recherches rapides… tout passe par là. Sauf que ces usages vont de pair avec la tentation constante de scroller sur Instagram, TikTok ou d’autres réseaux.
Quand on demande aux étudiants ce qu’ils pensent de leur smartphone, la réponse est quasi toujours la même : indispensable, mais il sabote la concentration. « Ça m’aide à bosser, mais je finis toujours par scroller », confirme Antoine, étudiant de 23 ans.
Reprendre le contrôle
Au fond, reprendre le contrôle de notre temps d’écran ne passe pas par une révolution, mais par quelques gestes simples que chacun peut adapter à son rythme. Réduire les interruptions en coupant une partie des notifications, par exemple, permet déjà de retrouver de vraies plages de concentration. Fixer des limites d’usage aide aussi à prendre conscience du temps qui file. Et même transformer son téléphone en noir et blanc peut suffire à casser le réflexe du scroll automatique. Trois pistes parmi d’autres, qui rappellent surtout une chose : nos smartphones ne sont pas condamnés à gouverner nos journées. C’est à nous de redessiner la place que nous voulons leur laisser.

