Une charte trop timide pour encadrer les baptêmes

Cet été, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny a mis à jour la charte de 2020 qui encadre les activités folkloriques des cercles étudiants. Toutefois, ce document reste en deçà des espérances de certaines universités et hautes-écoles.

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Photos : ©Brandon Kamdem

Cet été, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny a mis à jour la charte de 2020 qui encadre les activités folkloriques des cercles étudiants. Toutefois, ce document reste en deçà des espérances de certaines universités et hautes-écoles.

Photos : ©Brandon Kamdem

Ces dernières années, le jugement de la société à l’égard des baptêmes s’est durci à la suite de nombreux évènements tragiques. De multiples cas d’agressions sexuelles et de décès causés par l’abus d’alcool (voir infographie ci-dessous) ont mis sous pression les baptêmes et les baptisé·es.

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Pour éviter ces événements, la Ministre Glatigny a décidé de rassembler, durant les premiers mois de 2022, représentant.es étudiants et autorités académiques pour constituer un groupe de travail au sein de l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES), parmi lesquelles on peut retrouver notamment l’ULB, l’UNamur, l’UCL, l’UMons ainsi que l’ULiège. L’objectif ? Renforcer l’utilisation et l’efficacité de la charte qui encadre depuis 2020 les activités folkloriques et festives en Fédération Wallonie Bruxelles. Six mois après cette consultation, la fameuse charte a été enrichie, adoptant au passage l’écriture inclusive. 

Que dit la nouvelle version de la charte ?

Actuellement, la charte développe les points essentiels au bon déroulement de la vie festive étudiante jusqu’aux mesures d’exclusion en cas de non-respect. Pourtant, elle reste simplement recommandée auprès des organisateur·rices des activités et des soirées estudiantines, et les différents cercles se sont, selon Olivier Schotte, porte-parole de la Ministre Glatigny, engagés à la respecter ainsi qu’à la communiquer aux participant·es des baptêmes, les bleus et bleuettes. “Cette charte intègre des dispositions a minima suggérant un cadre visant à conscientiser toutes les parties prenantes à leurs responsabilités, droits et devoirs.”

Chaque institution du supérieur est libre de personnaliser la ligne de conduite émise par l’ARES, et chaque organisation étudiante peut ensuite y apporter des modifications pertinentes. Par contre, il n’y aura aucune possibilité de contrôle des activités de la part du gouvernement. Tout devra partir d’un principe « d’engagement sincère et responsable ».

Quelle application de la part des cercles ?

La mise en pratique de cette nouvelle charte varie fortement en FWB. Certaines universités sont à cheval sur les règles et la charte. C’est le cas de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et son association des cercles des étudiants (ACE), ou encore l’Université de Mons et son conseil des cercles (Con’Cer).

A l’ULB par exemple, l’ACE ajourne chaque année une charte singulière, qui est votée par les comitard·es et relue par le vice-recteur aux affaires étudiantes, Alain Levêque. Y sont notamment développées la gestion de l’alcoolémie ou encore la question du consentement. L’université bruxelloise oblige aussi ses comitard·es à suivre des formations sur la surconsommation d’alcool, les violences sexuelles et l’abus d’autorité, qui sont dispensées dans toutes les institutions du supérieur, à l’exception des cercles de Charleroi et à l’Université de Liège. 

Une autre chose spécifique à l’ULB : les « safe zones », des lieux qui permettent de s’isoler au besoin, ou de trouver les premiers soins médicaux en cas de nécessité. Même si ces endroits sont disponibles dans les différents cercles de l’ACS (Association des cercles du Supérieur) durant la période de bleusaille, les safe zones ulbistes sont maintenues tout au long de l’année et pour tous les types d’événements.

À Mons, une cinquantaine d’étudiant.es ont intégré une cellule de protection, « la police étudiante », et se sont formés à diverses formations dont le brevet européen des premiers secours (BEPS), celle relative à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) ainsi que celle liée à la réduction des risques (RDR). Les comités des quatre cercles de l’université montoise ont d’ailleurs prêté serment face au recteur, Philippe Dubois, le 19 septembre, jour de la rentrée académique. Il faut tout de même noter que le bien-être animal n’y est mentionné nulle part.

Si l’ULB et l’UMons ont développé leur propre charte, ce n’est pas une obligation. L’Université Catholique de Louvain-la Neuve et l’Université de Namur ont considéré que celle de l’ARES suffit pour éviter tout débordement.

Les Carolos, grands oubliés

La communication de la charte de l’ARES n’a par contre pas toujours été optimale. Parmi les différentes villes étudiantes, il semble que Charleroi soit la seule ville où cette charte n’ait pas été délivrée et où des règlements internes aux cinq cercles de la ville ont pris la relève.

Le président du cercle ISIH, le plus vieux cercle de la ville dont le baptême s’est terminé mi-octobre, ne mâche pas ses mots : « c’est assez déplorable ». Ce manque de communication n’a pas découragé les Carolos pour autant, qui ont opéré en autonomie et de la manière la plus responsable possible. « Heureusement, les informations circulent rapidement et les personnes irresponsables sont immédiatement écartées. »

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