Durant le premier confinement, les abandons d’animaux ont baissé de 35 %. Mais les refuges sont actuellement dans une phase de saturation. Reportage au sein de l’ASBL Sans Collier qui recueille près de 1600 animaux par an.
Photo : Sarah Prévinaire
Lorsqu’on arrive aux portes du refuge Sans Collier à Perwez, dans le Brabant Wallon, on est tout de suite accueilli par les aboiements des chiens qui ont vue sur le parking et l’entrée du refuge. Une façon pour eux de nous dire bonjour et de nous souhaiter la bienvenue. Une fois la grille passée, on longe les deux grands jardins pour entrer dans l’immense bâtiment qui sert à la fois de refuge, de cabinet de vétérinaire, mais aussi de salon de toilettage.
À l’intérieur, les bénévoles et les salariés sont tous bien occupés. Les portes s’ouvrent et se referment au passage des animaux, qu’ils soient de nouveaux arrivants en quête de soins, des occupants prêts à partir en promenade, ou tout juste adoptés par de nouveaux maîtres.
Travailler pour un refuge ce n’est pas simplement fournir une présence humaine en attendant que quelqu’un vienne les adopter. C’est aussi les nourrir, s’occuper de leur hygiène et bien-être personnel (toilettage, soin, nettoyage des cages, etc.), les éduquer (ou les rééduquer), et faire face aux maladies ou aux maltraitances qu’ils ont vécues.
Une adoption contrôlée
Lorsqu’on fait le tour du refuge, cage après cage, et qu’on se plonge dans l’histoire des différents animaux, on constate qu’ils ont en général tous un passé plus ou moins lourd. Pour certains, c’est parce que leur maitre est décédé et qu’aucun des proches ne sait les garder ou encore parce que les moyens financiers ne suivent plus et que la seule solution est d’abandonner l’animal. Pour d’autres, c’est un sauvetage après maltraitance ou une saisie judiciaire. Il est donc impératif que les adoptions soient soumises à quelques conditions afin de s’assurer que l’animal ne connaitra plus jamais cela. « Il faut évaluer le profil psychologique et comportemental de l’animal ainsi que celui de l’adoptant » explique Sébastien, le directeur de l’ASBL. Si l’animal est jugé apte à être adopté et que l’adoptant semble être capable de s’en occuper correctement, le refuge vérifie que la compatibilité entre les deux est possible. Si ce n’est pas le cas, le futur adoptant sera redirigé vers un autre animal qui semble lui convenir davantage. En finalisant l’adoption, les personnes s’engagent aussi à un suivi de la part de l’ASBL. C’est le cas d’Alain, que nous avons rencontré lors de notre visite au refuge. Il cherchait un nouveau compagnon de vie et est tombé sur Dolly. Un chien de petite taille, comme il le souhaitait.
Un refuge saturé
« Plus l’animal est petit, jeune et sociable plus vite il va être adopté » nous explique Jonathan, bénévole pour Sans Collier et étudiant en assistanat vétérinaire. « Parfois ils n’ont même pas le temps de rentrer en cage » sourit-il. « Les gens arrivent au refuge pour adopter et croisent quelqu’un qui vient abandonner son animal. C’est le coup de foudre et ils décident de le prendre. En même pas 15 minutes c’est fait ! ».
Si certains ont la chance de partir très vite du refuge, ce n’est pas le cas de tous les animaux présents. Les races plus difficiles à éduquer comme les Malinois ou encore les American Staffordshire Terrier restent plus longtemps. C’est également le cas des plus vieux animaux ou de ceux qui ont certains problèmes de santé. « Le refuge s’engage à payer tous les frais liés à certaines conditions médicales, mais malgré cela, les gens refusent généralement de les adopter » regrette Céline, une employée.
La période de confinement a par contre été bénéfique pour ces animaux. Les abandons ont baissé de 35% car tout le monde restait à son domicile nous explique Sébastien De Jonge, le directeur de Sans Collier. La vie était un peu sur pause. Or, la raison principale des abandons est le changement de situation du propriétaire. « Au niveau des adoptions il y a eu une baisse de 25 %, mais au final c’était une période positive car on a une plus-value de 10 % », sourit-il. « On a fini le confinement strict début juin avec un refuge à moitié vide, ce qui n’était jamais arrivé ! ».
Néanmoins, avec l’été, les vacances et la rentrée des classes, le refuge est à nouveau bien rempli. Il est même à saturation. Sans Collier doit réorienter certains animaux vers d’autres centres ou encore les mettre sur liste d’attente le temps qu’une place se libère. Pour les cas les plus urgents, les cages déjà existantes seront divisées en deux afin de pouvoir prendre en charge les animaux avant qu’il ne soit trop tard. Ceux ayant besoin de soins urgents, par exemple, seront mis en quarantaine ou dans la zone de soin du vétérinaire. En période de saturation, les places sont chères ! C’est pour cela qu’il est important d’adopter son animal en refuge plutôt qu’en animalerie.