La zone basses émissions vue par le secteur automobile

Depuis le 1er janvier 2018, Bruxelles est devenue une zone basses émissions ou "Low emission zone" (LEZ). Année après année, la capitale européenne restreint son accès à un nombre croissant de véhicules polluants. Les propriétaires de vieilles voitures doivent envisager des alternatives, tandis que le secteur automobile vit une transition à vitesse grand V.

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Mariano Spitzer (CC BY NC ND)

Depuis le 1er janvier 2018, Bruxelles est devenue une zone basses émissions ou « Low emission zone » (LEZ). Année après année, la capitale européenne restreint son accès à un nombre croissant de véhicules polluants. Les propriétaires de vieilles voitures doivent envisager des alternatives, tandis que le secteur automobile vit une transition à vitesse grand V.

Mariano Spitzer (CC BY NC ND)

C’est au coeur d’Uccle, rue Vanderkindere, que Sébastien tient son garage de ventes et réparations. Va-et-vient entre ses clients et son bureau débordé de dossiers ; le mécanicien n’arrête pas. Rappelant qu’il est en retard, comme d’habitude, l’homme se pose quelques minutes pour évoquer la zone basses émissions qui fait débat depuis bientôt deux ans.

Le garagiste estime que la LEZ est très dure pour les petits marchands comme lui. Les clients qui avaient l’habitude de faire réparer leur vieille voiture ont tendance à ne plus vouloir chercher de solution au problème rencontré. Ils préfèrent prendre le risque de rouler avec, puisque la voiture sera de toutes manières inutilisable d’ici quelques mois. Au niveau des chiffres de réparation, c’est une perte sèche pour les garagistes.

Se débarrasser de sa voiture déclassée

S’il devait se mettre à la place d’un client forcé de se débarrasser de sa voiture déclassée, le garagiste expérimenté envisagerait plusieurs solutions. Le véhicule peut être mis en vente sur internet. Le site Fastback est une option intéressante. Sébastien suggère également de se tourner vers les villes dites hors LEZ. L’idéal serait donc de vendre son auto à quelqu’un qui ne se rend jamais dans les grandes cités. Mais ce n’est pas chose aisée selon le propriétaire du Garage Boetendael. Une troisième piste pour se débarrasser de sa voiture déclassée est tout simplement sa destruction ! À l’achat d’un véhicule neuf, il est possible de se rendre chez un destructeur de voitures et ainsi toucher une “prime de recyclage” pouvant aller jusqu’à 3000 euros. C’est la solution la plus avantageuse selon Sébastien. Enfin, le véhicule pourrait définitivement quitter la Belgique. Dans ce cas, le client devrait se tourner vers les marchands d’import/export.

C’est au bord du Canal de Bruxelles, plus précisément sur le Quai de Mariemont, que se trouvent la plupart des garages spécialisés en exportation automobile. L’un d’entre eux, depuis le bureau de son petit garage molenbeekois, estime que la meilleure solution face à la LEZ est l’export. Mais l’homme ne se dit pas directement concerné par la norme. En effet, l’import/export consiste surtout à acheter des voitures pour les vendre à l’étranger, surtout en Afrique car le continent ne fait pas de différence entre les voitures classées et déclassées. La Belgique étant simplement un lieu de transition, son secteur n’est pas touché.

La vente de voitures d’occasion en déclin

Tout près de Tour et Taxis, Daniel travaille au grand Citroën PSA. Le vendeur, qui vient de débuter dans le secteur automobile, nous fait patienter, juste le temps de terminer de convaincre un jeune client d’acheter sa première voiture. Une heure quarante après, le trentenaire a réussi son pari : Michaël est l’heureux propriétaire d’une Citroën Hybride neuve. Poignée de mains. Le jeune vendeur se rassoit à son bureau, soulagé.

Il estime que la LEZ le touche peu, les grands concessionnaires étant surtout spécialisés en vente de voitures neuves. Les gérants de Fiat et Nissan à Drogenbos, contactés par téléphone, confirment. Daniel reconnaît toutefois que la LEZ a une influence négative sur la vente de voitures d’occasion. Leur showroom dédié s’est considérablement restreint depuis quelques mois. « Les gens ont maintenant peur d’acheter des voitures diesel« .  Même dégringolade du côté des sites de ventes et d’achats d’occasions. Chez My Way, par exemple, 1200 véhicules ont été vendus l’an dernier, contre à peine 800 pour 2019.

La LEZ, une opportunité

Cette zone basses émissions n’affecte pas seulement Bruxelles. Abdul tient son garage automobile dans le petit village d’Hensies, non loin de Mons. Se promenant autour de voitures alignées les unes à côté des autres sur la pelouse de son jardin, le propriétaire d’Incirci Cars préfère voir ce changement avec optimisme. Grand connaisseur du marché automobile, qu’il partage en famille depuis des années, il voit la LEZ comme une opportunité ! En effet, comme tout le monde cherche des voitures essence, le marché bouge et cet engouement les favorise. Tout comme Daniel, Abdul estime que le secteur automobile est en perpétuel changement. La LEZ n’a même pas deux ans de vie, mais elle a déjà amorcé un virage. Reste à l’accepter et à attacher sa ceinture pour éviter tout tête à queue.

Panneau LEZ
Voiture ancêtre stationnée
Entrée du garage Boetendael à Uccle
Voiture d'occasion à vendre
Voitures d'occasion à vendre chez My Way
Citroën vendue au concessionnaire Citroën

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