La fin de la génération dorée ?

Quatre statistiques pour illustrer la baisse de niveau de cette nouvelle génération des Diables Rouges.

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Quatre statistiques pour illustrer la baisse de niveau de cette nouvelle génération des Diables Rouges.

Lors du dernier rassemblement des Diables Rouges, la Belgique s’est inclinée face à l’Italie et face à Israël. Deux prestations décevantes qui ont fait chuter la Belgique au rang de 8ème dans le classement FIFA. Il s’agit de la place la plus basse depuis 7 ans pour les Diables, ce qui semble confirmer que la génération dorée est bel et bien derrière nous. Vraiment ? Pour le savoir, nous allons comparer l’effectif des Diables Rouges de la Coupe du monde 2018 (apogée de la génération dorée) avec celui de l’Euro 2024.

Pour comparer ces deux effectifs, nous allons nous baser sur quatre statistiques :

  1. La valeur marchande des joueurs
  2. Les clubs dans lesquels évoluent les Diables Rouges
  3. La position de la Belgique au classement FIFA
  4. La présence des Diables au Ballon d’Or

Dans les différents graphiques, la couleur rouge illustrera la génération de 2018 et la couleur bleue celle de 2024.

1. Une valeur marchande en chute de 27%

La valeur marchande des joueurs est un outil de plus en plus utilisé pour mesurer leur niveau. C’est sans surprise que l’effectif de 2018 surpasse celui de 2024 dans ce domaine.

Toutefois, il ne faut pas prendre cette statistique pour une vérité absolue comme le constate Antoine Hick, journaliste sportif à la RTBF :  « Je trouve qu’on exagère parfois un peu avec la valeur marchande. Mais dans ce cas-ci, elle est très utile. Cette valeur est beaucoup moins élevée aujourd’hui qu’en 2018 et notre joueur le mieux coté (en novembre 2024), c’est Openda. Il est à 60 millions sur Transfermarkt, mais il n’est même pas dans le top 60 des joueurs les mieux cotés de la planète. Ça veut aussi dire que notre équipe est descendue en grade. Elle a perdu quelques échelons et aujourd’hui, en termes de valeur marchande, on se retrouve derrière des nations comme la Norvège, le Danemark et la Suède.« 

Quand on parle de valeur marchande, il est important de prendre en compte l’inflation au fil des années. Il est donc impératif d’être prudent lorsqu’on compare les époques nous explique Guillaume Gautier, journaliste sportif pour le Vif : « La valeur des joueurs a considérablement augmenté ces dernières années et la valeur moyenne d’un joueur devient potentiellement plus vite importante. Cela pourrait donc être problématique de comparer les valeurs entre deux époques, mais dans ce cas-ci, cela renforce le constat. Si on adaptait les valeurs de 2018 aux tarifs de 2024, peut-être que l’écart serait encore plus conséquent entre les deux générations des Diables.« 

2. Les clubs des Diables : de 17 à 7 diables en Champions League

Les clubs dans lesquels évoluent les Diables Rouges sont également un indicateur important du niveau global de l’équipe. À ce sujet, on remarque une nette différence entre les deux générations. Notamment en Ligue des champions, prestigieuse compétition rassemblant les plus grands clubs européens.

17 Diables Rouges participaient à la Ligue des champions en 2018 ; ils ne sont plus que 7 en 2024. Antoine Hick ajoute : « Ils jouent dans des clubs qui sont moins renommés qu’avant. Quand tu penses qu’en 2018, la plupart de nos titulaires jouaient au Real Madrid, à Chelsea ou à Tottenham… Maintenant, tous nos cadres jouent un peu dans des clubs de seconde zone, sauf exceptions… Je pense à Trossard ou à Lukaku qui sont toujours dans des gros clubs. Mais pour le reste, tu as Theate à Francfort, Faes à Leicester ou encore Castagne à Fulham. Ce sont des clubs du Big Five (NDLR : les cinq plus grands championnats européens), mais ce ne sont pas non plus des grands clubs. Ils ne jouent pas l’Europe. »

Toutefois, Guillaume Gautier nuance : les clubs dans lesquels évoluent les Diables sont parfois moins importants que le statut qu’ils occupent dans ces clubs. « Il faut regarder non seulement les clubs où ils jouent, mais aussi le rôle qu’ils endossent dans ces clubs. Eden Hazard à Chelsea, en 2018, c’est pas Roméo Lavia à Chelsea en 2024, en termes d’impact dans l’équipe. Hazard était le joueur numéro un de Chelsea, là où Lavia n’est pas un titulaire incontestable. Le statut est différent, alors que le club est le même. On peut se demander aussi, par exemple, est-ce que le statut de Lavia est supérieur au statut de Onana ? Est-ce que c’est supérieur d’être titulaire à Aston Villa que d’être rarement titulaire à Chelsea, un club a priori mieux coté qu’Aston Villa ?« 

3. Une chute de quatre places au classement FIFA

Bien que critiqué, le classement FIFA donne tout de même une idée globale des performances des équipes nationales. La Belgique a donc logiquement perdu plusieurs places entre 2018 et 2024.

Ce classement n’est pas forcément pertinent selon Antoine Hick : « Là, je suis un peu plus mesuré parce que je trouve que le classement FIFA, il a souvent été biaisé. On est resté pendant longtemps premiers mondiaux alors qu’on ne faisait plus grand-chose comme résultats. Certaines compétitions qui sont de moindre importance rapportent autant de points au classement FIFA que d’autres. Alors que c’est quand même plus important de gagner une Coupe du monde que de gagner la Nations League. Donc, je suis un peu plus mesuré par rapport à ce classement. Là, on reste sixième pour l’instant. Mais je pense que nous avons plus notre place entre la dixième et la quinzième position. »

4. Pénurie de Diables au Ballon d’or

Le Ballon d’Or est la plus prestigieuse des récompenses individuelles dans le monde du football. Chaque année le prix récompense les 30 meilleurs joueurs de l’année. La génération dorée des Diables Rouges nous avait habitués à avoir des représentants dans le classement presque chaque année.

En 2024, aucun Diable n’était nommé au Ballon d’Or. Antoine Hick s’inquiète d’un manque de superstars dans la nouvelle génération des Diables. « Je pense qu’il faut quand même avoir certains porte-étendard, qui assument cette pression du plus haut niveau. C’est un peu le défaut de cette équipe nationale belge pour l’instant pour moi, c’est qu’on a plein d’excellents joueurs, mais on n’a plus de superstars. Courtois n’est plus là, on connaît les raisons. De Bruyne est absent depuis trois rassemblements et Lukaku traîne un peu son spleen. Donc on n’a plus cette superstar qui assume la pression alors que c’est important pour aller loin. On le voit parmi les grandes sélections qui viennent de gagner. Je pense à l’Espagne lors de l’Euro 2024 qui avait des vétérans comme Rodri qui sont là pour assumer la pression. Et puis aussi des jeunes pousses, qui ont peut-être moins d’expérience, mais qui compensent par un talent et une audace. Je pense à Yamal ou Williams. C’est ce genre de profils qu’on n’a malheureusement pas en équipe nationale. »

Perspectives pour l’avenir : Doku et Openda pour sauver les Diables

On le constate, l’équipe belge n’est plus ce qu’elle était il y a quelques années. Une transition est en train de s’effectuer vers une nouvelle génération. Il est donc normal que l’équipe connaisse une baisse de régime. La situation n’est pas alarmante pour autant selon Antoine Hick. En effet, la génération précédente ne s’est pas non plus construite en un jour. De plus, l’effectif actuel compte des jeunes talents prometteurs qui pourraient reprendre le flambeau.

« J’ai toujours beaucoup cru en Doku, sur papier, c’est un des meilleurs dribbleurs de la planète. Pour passer son adversaire, il n’y a pas meilleur que lui », précise Antoine Hick. « Par contre, son succès dépendra beaucoup de sa capacité à devenir plus précis dans la zone de finition. Je crois également pas mal en Openda même s’il s’est un peu loupé en équipe nationale ces derniers temps. Il est parfois trop critiqué et lorsqu’il n’aura plus l’ombre de Lukaku, il sera beaucoup plus performant qu’on ne peut l’imaginer« . 

Guillaume Gautier a lui aussi deux jeunes belges en qui il croit beaucoup : »Il y a Mika Götz, qui joue à l’Ajax, et avec les U21 de la Belgique, mais qu’on n’a pas encore vu en équipe nationale. Au milieu de tous ces ailiers dribbleurs, c’est un joueur qui a une gamme un peu plus complète en termes de créativité et pas seulement en qualité de dribble. J’apprécie aussi beaucoup Roméo Lavia, malgré son problème de blessures à répétition. Quand Roméo Lavia est en état de jouer, c’est un joueur qui fait du bien à l’équipe pour la structurer là où on manque encore de structure collective.« 

Doku, Openda, Lavia ou encore Gotz, des noms que l’on retrouvera peut-être avec les Diables Rouges dans les prochains mois. Les 20 et 23 mars, la Belgique affrontera l’Ukraine et jouera sa survie en Ligue des Nations A.

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