En Ligne de Mire

La chasse est une pratique ancestrale presque aussi vieille que l'humanité. Souvent décriés en Belgique, les chasseurs se revendiquent toutefois comme des régulateurs essentiels de la biodiversité. Immersion dans un monde remplit de passion... et de contradictions.

par

(c) Clément Laloyaux, Emilien Snyers, Alexandre Zune

La chasse est une pratique ancestrale presque aussi vieille que l’humanité. Souvent décriés en Belgique, les chasseurs se revendiquent toutefois comme des régulateurs essentiels de la biodiversité. Immersion dans un monde remplit de passion… et de contradictions.

(c) Clément Laloyaux, Emilien Snyers, Alexandre Zune

Un chasseur dans l'attente de prendre un tir. Celui-ci reste relativement rare lors d'une battue.
Il était une fois un chasseur sachant chasser…

Dans la vie, Michele Braccio est à la fois médecin et chasseur. Il a découvert la chasse grâce à son beau-frère. Comme souvent dans le milieu, on devient chasseur par cooptation. « La chasse est devenue une forme d’exutoire du quotidien », nous dit-il lorsque nous le rencontrons dans un bois où les feuilles des arbres tapissent les chemins d’une couleur dorée. Pour cause, la saison de la chasse s’ouvre chaque année le 1er octobre et peut s’étendre jusqu’au mois de février. Et c’est avec Michele que nous vivrons notre première battue quelques semaines plus tard. Il est le narrateur de notre sujet.

Jardin après le passage de sangliers. Les dégâts sont estimés à plusieurs milliers d'euros.
L’invasion de la faction sanglier fait trembler l’Europe

Pourquoi s’intéresser à la chasse en 2020 ? Nous sommes partis d’un constat assez simple: depuis une trentaine d’années, l’Europe et le monde de manière globale assistent à une prolifération exponentielle du grand gibier. Au point où leur nombre est devenu problématique et menace l’équilibre de la biodiversité. La commune d’Hastière a par exemple voulu organiser une battue exceptionnelle pour éradiquer une armée de sangliers qui s’était donné pour mission de retourner les jardins des locaux. « Rien que pour cette petite parcelle, le coût pour refaire la pelouse est de 4000 euros. », nous raconte un hastièrois rencontré par hasard au détour de la maison communale. « Je ne vais pas dire que c’est tous les jours, mais chaque semaine, on a de nouveaux dégâts. »

La battue spéciale annoncée n’a jamais eu lieu. Elle autorisait entre autres les chasseurs à pénétrer en terrain privé, fait inhabituel. Un mouvement de contestation sur les réseaux sociaux a eu raison de l’initiative. Et la cible principale de la vindicte populaire n’était autre que les chasseurs.

Miradors de chasse situés en bord de zone boisée.
Le documentaire « En Ligne de Mire »

Le titre En Ligne de Mire n’est pas anodin. A travers notre documentaire, nous avons souhaité déconstruire les préjugés qui entourent la chasse, afin d’en comprendre le fonctionnement et les objectifs. Nous sommes partis du constat que les chasseurs étaient souvent la cible de critiques assez virulentes dans les médias et nous sommes demandés si celles-ci étaient fondées ou non. Nous nous sommes donc immergés dans ce milieu difficile d’accès pour les caméras afin de décrypter ce qu’est véritablement une chasse et rencontrer ses praticiens. Nous avons également rencontré des acteurs qui s’opposent à la chasse telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.

Tout cela pour tenter de répondre à une seconde question, et cœur de notre sujet: les chasseurs ont-ils un rôle de régulateur de la biodiversité, ou contribuent-ils à sa destruction?

Le débat est ouvert.

Nouveau sur Mammouth

Est-ce vraiment utile de voter aux européennes ?
Aller à l'école jusque 17h... bonne ou mauvaise idée?
Pourquoi y a-t-il beaucoup de chinois au Congo ?
La fin du rêve de Bernard