Des sourires derrière les croissants

Grain de Vie est une boulangerie à Waterloo qui emploie des personnes en situation de handicap mental, léger ou moyen. Une opportunité d’insertion dans la vie « normale » d’adulte pour ces personnes en marge de la société.

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Photo : Jessica de Leest

Grain de Vie est une boulangerie à Waterloo qui emploie des personnes en situation de handicap mental, léger ou moyen. Une opportunité d’insertion dans la vie « normale » d’adulte pour ces personnes en marge de la société.

Photo : Jessica de Leest

Il est 9h30 à Waterloo. Un lundi comme les autres durant lequel la pluie bat son plein. Mais, chez Grain de Vie, les bénévoles s’activent déjà. Lorsqu’un client pousse la porte, Thomas lance un « Bonjour ! Qu’est-ce que je peux vous servir ? ». Atteint du syndrome d’Asperger, il s’occupe de la vente de pains et de viennoiseries en magasin. Une fois le client parti, il propose de poser pour une photo et se révèle très bavard. Thomas parle volontiers de sa passion pour les dessins animés, son préféré étant La Petite Sirène.

Au sous-sol récemment rénové se déroule l’atelier de préparation de sandwiches pour une école. Il y fait frais et pourtant, les bénévoles travaillent dans la bonne humeur. Les bruits de découpes et de couverts qui s’entrechoquent résonnent dans la pièce. L’un des travailleurs particulièrement farceur s’adonne à faire rire ses camarades. « Merci, chef ! », lance-t-il alors qu’on lui tend un petit pain. « De rien, chef ! », répond une bénévole avec entrain ; il est hilare. Trêve de plaisanteries, on se concentre et on se remet au boulot car, après tout, il faut finir la commande. Toutefois, rien n’empêche de raconter ce qu’on a fait de son week-end tout en travaillant.

Il est dix heures : l’heure de monter et de commencer l’atelier boulangerie. La température y est considérablement plus élevée qu’en bas. Normalement, les fours tournent déjà à plein régime. Une odeur de pain, de farine et de levure plane dans l’air. Il y a beaucoup de bruit et pour cause, il est temps de pétrir les pâtes à pain. D’abord plus timides face à l’appareil photo, les bénévoles ne tardent pas à se taquiner mutuellement et les rires résonnent à nouveau dans la pièce. La journée poursuivra son cours sans embuches.

Cette année, Grain de Vie souffle ses vingt-cinq bougies. Tout a commencé en novembre 1997, dans le garage de Bernadette et Vittorio De Santis. Ce dernier raconte avec émotion que la Reine Paola leur a rendu visite lors des prémices de l’ASBL. Depuis, Grain de Vie a considérablement grandi. Elle reçoit beaucoup d’aides extérieures : soutien de la bourgmestre de Waterloo, de l’organisme AVIQ et des dons de particuliers, pour citer quelques exemples. Leurs sponsors tels que Cap 48, Rotary Bruxelles-Vésale ou encore Soroptimist sont aussi essentiels.

Les discriminations sont habituellement nombreuses pour les personnes en situation de handicap mental. Ici, elles sont traitées avec respect et bienveillance. Elles prennent ainsi conscience de leurs capacités en dépit de leurs différences. Grain de Vie a pour conviction que « tout être humain, même le plus démuni, est porteur d’innombrables ressources manuelles, humaines et spirituelles ».

Pétrissage de la pâte à pain
La bonne humeur est toujours au rendez-vous dans les locaux de Grain de Vie. Photo : Jessica de Leest (CC BY NC ND)

Le plus souvent, ce sont les personnes en situation de handicap qui entrent en contact avec Grain de Vie afin d’y travailler. Marc Chaudoir, président du comité de direction et du conseil pédagogique, nous informe que l’ASBL contacte également des écoles spécialisées afin de trouver de nouveaux bénéficiaires. Actuellement, quinze personnes en situation de handicap travaillent chez Grain de Vie mais ils pourraient en accueillir jusqu’à vingt.

Travailler dans la boulangerie permet aux bénéficiaires d’acquérir plus d’autonomie, de sociabiliser, de développer une réflexion mieux structurée, etc. Ils se sentent utiles et reconnus comme adulte parmi les « autres adultes ». C’est une fierté pour eux. Thomas, qui nous a accueilli, dit d’ailleurs se sentir « parfaitement bien à Grain de Vie ».  

Les bénévoles prennent une pause pour discuter
Etre bénévole à Grain de Vie c’est aussi se faire des amis Photo : Jessica de Leest (CC BY NC ND)

Grain de Vie, c’est aussi une quarantaine de bénévoles qui prennent de leur temps pour faire partie de cette expérience humaine valorisante. La plupart d’entre eux sont là une fois par semaine. Ils font preuve de patience et de pédagogie sans pour autant infantiliser les personnes en situation de handicap. Ils sont solidaires et mettent l’accent sur l’écoute des uns et des autres. A midi, les tâches de la matinée sont effectuées et tous s’arrêtent pour reprendre des forces. Comme une grande famille, ils partagent ensemble le repas préparé par l’éducatrice et des travailleurs en situation de handicap. Au menu : viande et stoemp de poireaux.

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