Les mégots, ces fléaux pour l’environnement

Les Belges fument près de 40 millions de cigarettes par jour et de nombreux mégots atterrissent dans la nature, polluant faune et la flore. Pour atténuer quelque peu cette empreinte écologique, des citoyens organisent des battues géantes pour traquer ces déchets sauvages.

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Photo Vie en transition

Les Belges fument près de 40 millions de cigarettes par jour et de nombreux mégots atterrissent dans la nature, polluant faune et la flore. Pour atténuer quelque peu cette empreinte écologique, des citoyens organisent des battues géantes pour traquer ces déchets sauvages.

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Les restes de ce fin tube orange et blanc font partie intégrante de notre quotidien. Que l’on soit fumeur ou non, ils s’imposent à nous. On en retrouve le long des trottoirs, au fond des égouts, enfouis dans la terre ou le sable. Et pour cause, 127.000 cigarettes sont fumées chaque seconde dans le monde. Selon la Fondation contre le cancer, 23% des Belges fument, et ceux-ci consomment une moyenne de 15 cigarettes par jour. Un rapide calcul nous amène à une moyenne de 40 millions de cigarettes fumées quotidiennement en Belgique.

Des risques environnementaux connus

Outre son impact sanitaire, la cigarette nuit énormément à l’environnement si elle se retrouve au sol une fois fumée. Par la présence d’un plastique appelé « acétate de cellulose » dans son filtre, un mégot se décompose au bout de 12 à 15 ans dans la nature. Selon une étude de l’université d’Harvard, un seul mégot se retrouvant dans l’eau peut en polluer 1.000 litres, causant un risque mortel aux organismes vivants qui entrent en contact avec l’eau polluée. Un chiffre interpellant quand on sait que 60 millions de tonnes de ces déchets ont été pêchés dans les océans par l’ONG Ocean Conservancy depuis 1986. Après 33 ans de nettoyage, cette organisation a constaté que les mégots constituaient 30% des ordures collectées dans les fonds marins.


“c’est aussi un contaminant majeur”

Thomas Novotny, professeur de santé publique à l’Université d’État de San Diego, déclarait dans une grande enquête menée en 2018 par NBC News que le filtre d’une cigarette n’avait pourtant que peu d’intérêt. « Il est assez clair qu’il n’y a aucun avantage pour la santé à utiliser des filtres. Ce n’est qu’un outil de marketing. Ils facilitent la vie des fumeurs (…) Mais c’est aussi un contaminant majeur, avec tous ces déchets plastiques ». Selon l’American Chemical Society (ACS), la société américaine de chimie, on parle d’un million de tonnes de filtres produits chaque année par l’industrie du tabac. 

De plus en plus, des citoyens à travers le monde ont pris conscience de l’impact que pouvaient avoir ces déchets. Fin juillet 2019, les réseaux sociaux ont vu par exemple éclore un challenge sous le hashtag #FillTheBottle. Ce défi consiste à remplir une bouteille en plastique (vide) de mégots ramassés par terre, et poser avec la bouteille pleine sur les réseaux sociaux. Un concept lancé par Amel, une lycéenne française. Le phénomène a explosé en France avec plus de 30.000 hashtags en 24 heures selon Amel. Depuis, les “Clean Walk” ont aussi rempli les réseaux sociaux afin de nettoyer les espaces publics de nombreux déchets dont les mégots.

Une industrie polluante et énergivore

Si on parle souvent de l’impact que peut avoir un mégot jeté dans la nature, le processus de fabrication des cigarettes se fait plus discret. Pourtant, dans une étude datant de 2018, l’Imperial College de Londres épingle la manière dont sont fabriquées 6.000 milliards de cigarettes par an. Le séchage des feuilles de tabac pour produire du tabac sec est très énergivore. Il demande la combustion de charbon ou de bois qui contribue grandement aux émissions de gaz à effet de serre et à la déforestation. L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) considère que 11 millions de tonnes de bois sont nécessaires chaque année pour le séchage du tabac. Cette déforestation mène à une érosion importante des sols dans lesquels le tabac est cultivé. Les pays en voie de développement sont les plus concernés puisque 90% de la production proviennent de ces derniers. La culture du tabac consommerait aussi plus de 22 milliards de tonnes d’eau à elle seule.

L’OMS notait également dans une étude datant de 2017 que le tabac est souvent cultivé sans rotation avec d’autres cultures. Cette monoculture rend le sol vulnérable à une variété d’insectes et de maladies. Les plants de tabac nécessitent alors une grande quantité d’insecticides et d’herbicides. Bon nombre de ces produits chimiques sont nocifs pour l’environnement. Représentant 7% de la production mondiale de tabac, les États-Unis déversent à eux seuls 13.000 tonnes de pesticides par an. Une des substances les plus utilisées par le pays est l’imidaclopride, un insecticide interdit en Europe depuis 2018 pour toute utilisation extérieure, car elle représente un grand danger pour les abeilles. 

Il est actuellement compliqué de définir exactement l’empreinte écologique que représente l’industrie du tabac. Entre la culture des plantes, la déforestation, les pesticides utilisés, le séchage, la fabrication des emballages, le transport des marchandises et l’impact des filtres dans la nature, poser un chiffre exact reste compliqué. Néanmoins, l’ACS avance que le secteur du tabac représente à lui seul 84 millions de tonnes de CO2 par an et émet 0,2% des émissions mondiales totales de gaz à effet de serre.

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