Crise énergétique : la goutte de trop ?

Historiquement, les grandes crises sociales et financières ont entraîné une vague de suicides. Aujourd'hui, les indicateurs signalent une augmentation des appels faits aux lignes d'écoute. La victime silencieuse des crises, c'est la santé mentale.

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Photo : Ayyub Jauro

Historiquement, les grandes crises sociales et financières ont entraîné une vague de suicides. Aujourd’hui, les indicateurs signalent une augmentation des appels faits aux lignes d’écoute. La victime silencieuse des crises, c’est la santé mentale.

Photo : Ayyub Jauro

Les portefeuilles de Belges ne tiennent plus et la santé mentale non plus. Nous sommes face à une situation de détresse psychologique où certaines personnes ne voient plus le bout du tunnel. Après la crise Covid-19, l’OMS avait tiré la sonnette d’alarme  » La pandémie de #COVID19 déclenche une augmentation de 25 % de la prévalence de l’anxiété et de la dépression dans le monde « , selon le dernier rapport 2022.

L’isolement lié à la crise Covid-19 a provoqué un stress post-traumatique parce que certaines personnes ont eu l’impression de perdre le contrôle de leur vie. Pour guérir de ce stress, il faut trois ans, indique Xavier Noël , docteur en psychologie, chercheur permanent au F.R.S/FNRS – Université Libre de Bruxelles (ULB).

Toutefois, avec la guerre en Ukraine, la crise énergétique, les hauts taux d’intérêt et la hausse du prix de la vie, des nombreux Belges n’ont pas eu le temps de guérir et poussent encore les portes des urgences psychiatriques, qui sont aujourd’hui débordées.

Nous constatons toutefois une hausse de 24% des consultations psychologiques liées à la thématique du suicide au sein de notre ASBL 

Dans son dernier rapport, l’asbl « Un pass dans l’impasse » dévoile les derniers chiffres concernant le suicide en Belgique : « En 2019, 1.728 personnes se sont donné la mort en Belgique. Cela représente 5 suicides par jour. 1.265 concernaient des hommes et 463 concernaient des femmes. Lorsque l’on compare la situation dans les différentes régions du pays, celle de la Wallonie est bien plus dramatique » .

Cependant, il n’y a pas encore des chiffres précises qui reflètent les conséquences psychologiques de la pandémie, mais Thomas Thirion, Administrateur Délégué de « Un pass dans l’impasse souligne : « Au cours de leurs consultations, les psychologues ont remarqué et remarquent toujours une très forte augmentation des troubles anxio-dépressifs, suite à la pandémie. Sur le plan clinique, ces plaintes se traduisent surtout par une augmentation de l’intensité des idéations suicidaires, une multiplication des passages à l’acte, des scarifications . « 

Face à cela, les institutions, comme le Centre de Prévention du Suicide de Bruxelles, dénoncent un manque de budget et de bénévoles. Les lignes d’écoute dénombrent plus de 3 millions d’appels par an.

Dans ce podcast, nous avons rencontré le Centre de Prévention du Suicide, Wivine Paquay, assistante sociale et victimologue à la police fédérale qui travaille sur le terrain au plus près des familles des victimes, et Sarah Kessler, psychologue clinicienne, qui de son côté, témoigne la situation critique dans les cabinets. Elles se trouvent toutes les deux au plus proche de ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

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