Campus à l’abandon cherche nouvelle occupation

Dans le quartier du Bierenberg à Rhode-Saint-Genèse, on peut apercevoir des convois militaires s’introduire sur un terrain barricadé : une scène qui contraste avec le calme du quartier. Ce site hypersécurisé n’est pas la cachette des services secrets belges, mais l’ancien campus Bierenberg de l’ULB et de la VUB.

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Photos : Maud Moreels (CCBY NC SA)

Dans le quartier du Bierenberg à Rhode-Saint-Genèse, on peut apercevoir des convois militaires s’introduire sur un terrain barricadé : une scène qui contraste avec le calme du quartier. Ce site hypersécurisé n’est pas la cachette des services secrets belges, mais l’ancien campus Bierenberg de l’ULB et de la VUB.

Photos : Maud Moreels (CCBY NC SA)

En 1963, le campus Bierenberg ouvre ses portes à Rhode-Saint-Genèse. À deux pas de la gare De Hoek. L’environnement est verdoyant, à proximité directe de deux étangs. Il accueille les facultés de bio-technologie et de chimie de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). On y trouve des serres, des laboratoires, une petite cantine, la maison du directeur, mais surtout un très grand terrain.

En 1997, l’ULB est forcée de déménager : étant une institution francophone, elle ne peut rester à long terme sur un terrain néerlandophone, et n’est donc plus subsidiée pour occuper le site. Pour conserver les lieux, la VUB doit racheter les parts de l’ULB et prendre la charge de l’entretien de l’entièreté du terrain. L’université flamande décide de ne pas prendre cette responsabilité et quitte le site à son tour.

Zone de dégradation dans un quartier résidentiel

Depuis, le campus a vieilli, voire dépéri : plus de sept hectares et 16 000 m2 sont à l’abandon. La nature y a repris ses droits : au loin, on aperçoit des canards s’envoler des étangs, des écureuils sautant d’une branche à l’autre, les bâtiments disparaître sous les plantes. Impossible de deviner les serres, auparavant visibles de l’extérieur du campus comme l’indique un voisin, ensevelies sous des branchages. Il n’y a plus aucune gestion active de l’étang, et au fil des ans, les déchets dispersés ont augmenté et les bâtiments ont été vidés de leur contenu et vandalisés.

Une occupation fixe encore à définir

Dans le voisinage, on s’interroge quant à la présence de ce campus : quel futur pour ce terrain ? Que s’y passe-t-il vraiment ? Qui contacter pour des questions de voisinage (élagage des arbres, plantes malades qui contaminent les jardins…) ? Des questions qui restent sans réponse. Une voisine explique que les occupants du site sont relativement bruyants : « il y a des personnes qui viennent s’entraîner au tir, comme des militaires, des policiers… La brigade des chiens vient aussi s’entraîner sur le site. Parfois, ils laissent les chiens dans la voiture, qu’ils garent là, juste derrière ma clôture, et je les entends aboyer toute la journée. Évidemment, ce ne sont que mes suppositions, parce que personne ne nous a jamais rien expliqué ». D’autres anecdotes sont un peu plus incongrues, comme le raconte un voisin : « l’autre jour, j’ai retrouvé des excréments avec du papier toilette au fond de mon jardin… On dirait que les infrastructures sont toujours inutilisables ».

Le seul usage du site est aujourd’hui sa sécurisation. À la suite du vol de la cabine basse tension en février 2020, la société Vigirisk a été engagée pour sécuriser le campus. Avant ça, le terrain était régulièrement visité par des jeunes du quartier, « qui se promenaient sur les toits et taguaient les murs ». Des barrières Heras, des caméras et des détecteurs de mouvements ont été installés, et les entrainements ponctuels de la police et des forces spéciales qui y ont lieu remplissent également cette fonction. « Des gardes passent deux/trois fois par jour faire leur ronde » précise une voisine. Et ces opérations ont un coût : 4 000 euros par mois[1].

La commune a bloqué énormément de propositions de promoteurs

Mais depuis vingt ans, le terrain ne trouve pas de nouvelle affectation. Le bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse, Pierre Rolin explique que « de nombreux projets ont été imaginés, mais que la commune a bloqué énormément de propositions de promoteurs qui voulaient transformer ça en logements groupés, bibliothèques, appartements de luxe… ». En effet, le plan régional du terrain est à destination scientifique, une partie est un terrain classique à bâtir, et une dernière zone est protégée en tant que réserve naturelle : « facile pour la Région flamande de dire que le projet n’est pas assez scientifique et de le refuser ». Depuis 2008, il n’est plus possible de modifier le plan de structure spatiale d’une municipalité locale. C’est donc la Région qui détient les clés du site.

Aujourd’hui encore, les hypothèses quant à la future destinée du campus sont multiples : en faire un parc scientifique, ou encore lui donner une nouvelle destination universitaire. Des associations comme La Communa ASBL ou le collectif Débranché·es ont présenté des programmes de « campus de la transition » aux universités, qui sont restés, une fois de plus, au stade de projet. Le sujet est fragile à aborder avec ces institutions, qui répondent difficilement aux questions sur son futur. Les bâtiments restent vides, continuent à se dégrader. Aucun intermédiaire n’existe pour les problèmes de voisinage. D’après la commune, « toujours pas d’occupation définitive en vue ».

Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné
Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné

Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné
Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné

Chemin piéton entouré d'arbres, ancienne entrée du campus condamnée, un panneau sur l'entrée prévient de la présence d'une société de sécurité qui surveille le site
Chemin piéton entouré d'arbres, ancienne entrée du campus condamnée, un panneau sur l'entrée prévient de la présence d'une société de sécurité qui surveille le site

Chemin en terre qui longe l'ancien campus
Chemin en terre qui longe l'ancien campus

Voisine qui sourit à l'entrée de sa maison
Voisine qui sourit à l'entrée de sa maison

Grilles du campus du Bierenberg, maisons mitoyennes au campus
Grilles du campus du Bierenberg, maisons mitoyennes au campus

Entrée du campus du Bierenberg fermée par des barrières Heras, route qui mène vers le campus
Entrée du campus du Bierenberg fermée par des barrières Heras, route qui mène vers le campus

Ancien panneau du parking du campus Bierenberg
Ancien panneau du parking du campus Bierenberg

Bâtiment abandonné derrière des barrières heras
Bâtiment abandonné derrière des barrières heras

Bâtiment abandonné et englouti par les plantes
Bâtiment abandonné et englouti par les plantes

Bâtiment abandonné ensevelis sous les plantes et recouvert de tags
Bâtiment abandonné ensevelis sous les plantes et recouvert de tags

Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné
Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné

Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné
Rue d'un quartier résidentiel, le Bierenberg, qui mène au campus abandonné

Chemin piéton entouré d'arbres, ancienne entrée du campus condamnée, un panneau sur l'entrée prévient de la présence d'une société de sécurité qui surveille le site
Chemin piéton entouré d'arbres, ancienne entrée du campus condamnée, un panneau sur l'entrée prévient de la présence d'une société de sécurité qui surveille le site

Chemin en terre qui longe l'ancien campus
Chemin en terre qui longe l'ancien campus

Voisine qui sourit à l'entrée de sa maison
Voisine qui sourit à l'entrée de sa maison

Grilles du campus du Bierenberg, maisons mitoyennes au campus
Grilles du campus du Bierenberg, maisons mitoyennes au campus

Entrée du campus du Bierenberg fermée par des barrières Heras, route qui mène vers le campus
Entrée du campus du Bierenberg fermée par des barrières Heras, route qui mène vers le campus

Ancien panneau du parking du campus Bierenberg
Ancien panneau du parking du campus Bierenberg

Bâtiment abandonné derrière des barrières heras
Bâtiment abandonné derrière des barrières heras

Bâtiment abandonné et englouti par les plantes
Bâtiment abandonné et englouti par les plantes

Bâtiment abandonné ensevelis sous les plantes et recouvert de tags
Bâtiment abandonné ensevelis sous les plantes et recouvert de tags


[1] Dossier « Campus de la résilience à Rhode-Saint-Genèse », La Communa ASBL

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