Suite au déclenchement de la crise sanitaire, la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés était à la recherche de logements. De son côté, l’hôtel Van Belle, en manque de visiteurs, voulait éviter la fermeture. Les deux se sont retrouvés autour d’un même projet, soutenu financièrement par la région Bruxelloise.
Photo : Paul-Louis Godier (CC BY NC ND)
Dans un quartier populaire de la commune d’Anderlecht se situe l’hôtel Van Belle, l’un des trois établissements qui accueillent des réfugiés, depuis juillet. Le bâtiment est propre, nettoyé en permanence par le personnel. La moquette rouge, présente partout dans l’immeuble, incite même certains habitants à s’y balader pieds nus. Une odeur familière se fait sentir dans le hall de l’Hôtel Van Belle. Au menu du jour, sandwich aux boulettes de fallafel sur son lit de sauce blanche. Il est 13h quand les premiers hébergés se rassemblent afin de recevoir le repas du midi. Une ambiance conviviale règne et les premiers sandwichs sont distribués par les bénévoles.
Adèle, 23 ans, en tête de file, s’assure que chaque personne a bien reçu son repas. Diplômée d’un master en management d’évènements, elle a préféré s’engager dans un projet solidaire avant d’entrer sur le marché du travail. Adèle espère lier cet aspect humain à son futur job. « J’ai un rôle important parce qu’il faut créer un lien social avec les réfugiés. Ma mission est de distribuer le repas, prendre le nom de chaque personne et puis de nettoyer le lieu. Il m’arrive de rester après mon shift pour parler avec les gars et passer un peu de temps avec eux. » Adèle appelle les personnes hébergées « les gars » car l’hôtel est uniquement réservé aux hommes.
Une organisation rôdée
De nombreuses règles sont imposées aux hébergés et les mesures contre le COVID-19 sont strictement appliquées. L’hôtel ouvre à 8h et ferme à minuit. Le lavage des mains est obligatoire à chaque entrée et sortie du bâtiment. Des kits d’hygiène sont distribués deux fois par semaine et il y a également la possibilité de laver son linge. « C’est très bien d’avoir des règles de ce type. Cela diminue les problèmes car tout le monde n’a pas la même éducation. C’est normal ! Les personnes viennent d’un peu partout. » Abdullah a 38 ans et est originaire d’Algérie. Après avoir passé cinq ans en Espagne et cinq ans en Allemagne, il est arrivé en Belgique et aimerait y rester. Il est un personnage apprécié parmi les résidents et il aime prendre soin des personnes autour de lui.
On retrouve un grand nombre d’origines différentes, même si la majorité des réfugiés accueillis dans cet hôtel sont érythréens ou éthiopiens. « C’est logique car ils représentent la majorité des nouvelles nationalités qui arrivent depuis 2017 en Europe. » Soumana est un autre réfugié habitant dans l’hôtel. Après avoir vu sa demande d’asile refusée en Italie, il est arrivé en Belgique, il y a six mois, avec l’espoir de pouvoir y envisager un avenir. « Je suis dans l’incertitude la plus totale. Je ne sais pas si je dois demander l’asile ou pas. Parce que si ma demande est refusée, je vais devoir quitter la Belgique, mais moi, c’est ici que je veux vivre. » Comme les 320 personnes hébergées dans l’hôtel, Soumana bénéficie d’un suivi médical, psychologique et juridique. Il est soutenu par l’organisation, qui le conseille et lui apporte une aide au quotidien.
Une ascension fulgurante
La Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés est active depuis 2015. Depuis, l’organisation est passée de trois salariés à une soixantaine. Une progression fulgurante qu’a vécue Julie Pire, responsable de la communication. « C’est en 2015 que des habitants de Bruxelles se sont vraiment mobilisés pour venir en aide aux réfugiés qui vivaient dans la rue et plus particulièrement dans le Parc Maximilien. »
Julie travaille pour l’organisation depuis août 2019. Après avoir fini ses études en communication multilingue à l’ULB, elle a décidé de se lancer à temps plein dans ce projet. Son rôle est de venir en aide aux personnes qui n’ont pas de statut et qui ne sont pas reconnues par l’État belge. « On est dans une situation de vide juridique qui ne leur donne accès à rien. Donc le but de la Plateforme est de combler ce vide. On reprend un rôle de l’État finalement. »
La gestion de la crise migratoire par l’État est une toute autre histoire et cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de soutien de la part des institutions belges. La Région Bruxelloise aide la Plateforme Citoyenne par le biais de subsides. L’organisation travaille également avec énormément de dons. « On récolte les invendus et on a des magasins solidaires. On a réussi à trouver beaucoup de partenariats, cela prouve qu’on est quand même soutenus. »