HUMEUR. C’est aujourd’hui Carl de Moncharline qui est visé par plusieurs accusations de violences sexuelles. Une affaire de plus, de trop, qui nous donne envie de crier qu’il est plus que temps d’inclure les collectifs militants dans les réformes pour sécuriser la vie nocturne.
Photo : Juliette Cordemans
Carl de Moncharline est visé par plusieurs accusations de violences sexuelles portées par une investigation de la RTBF et par le compte instagram @balance_ton_bar. Les témoignages l’accusent de violences sexuelles avec soumission chimique, ce qu’il dément.
« Un tissu de mensonges », c’est ce que Carl de Moncharline répond aux témoignages relayés par la RTBF. Ceux-ci font état de drogue, de harcèlement et d’agressions sexuelles de la part de Moncharline dans ses établissements.
Ce sont d’énièmes témoignages, mais c’est la première fois qu’un personnage connu du monde de la nuit est visé dans le mouvement #balancetonbar, ce qui replace le mouvement de dénonciation sur le devant de la scène.
Lancé en octobre dernier, des manifestations avait rassemblé des milliers de personnes dans les rues d’Ixelles, pour interpeller Christos Dourkélidis, bourgmestre d’Ixelles, et dénoncer son inaction politique – ce qui n’a pas donné beaucoup de résultats jusqu’ici.
L’ampleur, des témoignages sur les réseaux sociaux d’une part et des manifestations dans la rue de l’autre, a attiré les médias, et par dynamique de ricochet, a poussé le monde politique à s’intéresser à l’affaire ; intérêt qui semble s’être quelque peu relâché depuis. Il faut dire que quand le sujet ne fait pas les Unes, il semble tout à coup bien moins urgent.
Mais le mouvement a bel et bien amorcé un changement dans le monde de la nuit : la Ville de Bruxelles a dévoilé il y a un mois un plan de 77 mesures « concrètes » pour lutter contre les violences sexuelles dans le monde de la nuit. Ce plan, piloté par Philippe Close, a été réalisé en collaboration avec la fédération des professionnel·les de la vie nocturne. Mais force est de constater que ces 77 mesures « concrètes » ne sont pour l’instant que des promesses ou de bonnes intentions.
Ce plan laisse en effet les collectifs mitigés : les militant·es regrettent de ne pas avoir été intégré·es au processus de travail – ayant pourtant développé une expertise dans cette lutte, ce qui n’est pas forcément le cas ni de Philippe Close ni de la fédération des professionnel·les de la vie nocturne. Cette absence de collaboration n’a pas fait du bien à ce plan de lutte.
Au delà de ce plan tiède, la lutte contre les violences sexuelles dans le monde de la nuit semble au point mort, au niveau politique comme dans le secteur concerné.
Pourtant, du côté militant, ça bouillonne toujours autant. Les militant·es se rassemblent, prennent des initiatives d’action, organisent des agora, des groupes de réflexion, recueillent les témoignages, redirigent les victimes vers les aides existantes… Ielles pensent le monde de la nuit de demain et les solutions fusent de toutes parts. En fait, ielles font le travail de l’État.
Il serait donc largement temps de les intégrer à la lutte contre les violences sexuelles dans les bars et les boîtes de nuit, si on ne veut plus que des témoignages fassent la Une tous les deux mois.